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Idées en Vrac 2018
Patrice Guinard


Adaptation sociale. Elle est d'abord le privilège des profiteurs, des ramasse-miettes et des lobotomisés.

Basculement. A un moment de son existence, on ne perçoit plus la pression autoritaire de vieux, mais celle de jeunes cons.

Bicoques. Il est plus aisé de se soumettre à un seigneur de guerre que d'essayer de défendre soi-même sa propre bicoque. Mais l'existence nous pousse à l'entretien permanent de l'ego, cette bicoque de l'Esprit.

Le branché n'est qu'un ringard de la modernité, un tocard de la paumiscuité. Les modes, excitations, engouements et buzz du jour ne sont que des attrape-blaireaux dès leur sortie.

Chancre et gangrène. La classe politico-médiatique est un chancre ; les corporations, confréries et groupes d'influence une gangrène.

Changement de gouvernance. Finies les années animées par pantin burlesque ou marionnette flasque : sont venues celles attisées par drone téléguidé. Un drone ne donne pas le change ; il est sans égards, et surtout sans masque : car il n'a pas de visage.

Collaboration. Elle se fait toujours en deux étapes : 1) complicité avec les forces extérieures, puis 2) négation du passé, recherche de boucs émissaires, redéfinition du paradigme et des responsabilités.

Colonisateurs colonisés. Les européens, colonisateurs et esclavagistes d'autrefois, qui se sont identifiés par tempérament mais aussi par leur culture et leur histoire à la puissance étatique et militaire et qui en ont inconsciemment intégré les principes et la légitimité, se retrouvent aujourd'hui en marche vers leur désolation. On leur fait comprendre que ce sont eux les prochains esclaves et les nouvelles proies des forces colonisatrices. Mais ils n'y sont pas préparés, ni culturellement ni idiosyncrasiquement, et cet imbroglio risque de les refouler aux rivages de Styx et de Cocyte.

Cynisme contemporain. Prôner ou déclamer la libération des femmes au temps de l'asservissement de l'homme, si peu libre de ses actes et pensées, est une mystification cynique, une provocation à l'intelligence minimale de l'espèce humaine.

Dominance sans minorités. Les dites minorités dominantes ne sont pas même des minorités : elles sont un élément essentiel du processus de modelage des cervelles. Les discours des minorités sécularisées véhiculent des idées, sentiments, représentations, revendications, totalement en accord et conformes au discours d'asservissement dominant (féministes, usagers de la route, rapeurs, handicapés, altersexuels...) en tant qu'ils en sont un appendice et une variation utile, encouragée et subventionnée par le système. Seuls les seuls sont les réelles minorités, monades écrasées ou recluses, n'ayant jamais accès à la parole.

Doute perpétuel. Qui douterait d'avoir deux jambes et deux pieds lui permettant d'avancer, hormis le cul-de-jatte ? De façon identique, quand une quelconque réalité culturelle est intégrée, elle devient certitude, évidence, facticité. Qui continue de douter n'a jamais acquis quoi que ce soit : il reste culturellement glabre quels que soient les habillages aliènes qu'il endosse ou qu'on lui fait endosser.

Les êtres sensibles, qui se montrent parfois cruels par nécessité apparaissent aux yeux des imbéciles comme les plus méchants.

Féminarisation. Toute forme d'agressivité naturelle et personnelle est diabolisée par des clones qui ne représentent collectivement que la dénaturation de l'homme et de la nature pour le pire, et qui ne sont en eux-mêmes que nullité et stupidité incurables. Par la répression des instincts naturels auxquels on veut substituer des comportements autodestructeurs normalisés, et par le martèlement de mots d'ordre féministes unilatéraux, intégrés dans la conscience et transformés par la répétition en automatismes de pensée, on cherche à détruire toute virilité à moyen terme, et plus encore toute authentique féminité. Cette corrosion mène à des sociétés de zombies frustrés, désexualisés, dévitalisés. Mais comme les instincts masculins sont plus résistants car ils ont conservé collectivement les traces de siècles et millénaires d'asservissement et de confrontation aux adversités extérieures, ce sont les femmes, plus perméables au remodelage, qui risquent de succomber les premières.

Franco-germanité. Si l'Allemagne fut, durant ses années les plus sombres, le pays de la mise au pas militaire, la France reste, depuis des siècles, celui de la mise au pas idéologique.

Godard arbore volontiers sa culture, mais elle s'avère souvent métaphysiquement insuffisante : à la question religieuse, répondre (dans Alphaville) "je crois aux données immédiates de la conscience", c'est ignorer celles de l'aperception immédiate !

Grand Remplacement, grand Déclassement : mirage idéologique et verbiage hallucinatoire pour qui n'a jamais été ni enraciné ni classé.

Idéologies d'hier et d'aujourd'hui. L'Église catholique voulait former de bons chrétiens ; l'idéologie scientiste n'a besoin que de simples crétins.

Impérialismes cinématographiques.
- l'américain par le déploiement technologique, les effets spéciaux, le faste des moyens et l'étalage des richesses, derrière la caméra et à l'écran.
- le français par la transfiguration de toute situation ou de tout vécu aux prismes de la culpabilisation, de la morale, de l'idéologique. Aucune histoire particulière ne fait sens si elle ne s'intègre pas à une grille sémantique induite.

Instinct et intelligence. L'instinct représente les trois quarts de l'intelligence ; le reste est fioritures. Proportionnellement aux capacités de leurs espèces et à leur développement, les Q.I. animaux sont plus élevés que ceux des humains, et ceux des sauvages le sont plus que ceux des hommes domestiqués industrialisés. L'intelligence moyenne de l'homme du XXIe siècle est peut-être la plus faible depuis l'existence de Sapiens sapiens.

Instincts grégaires. L'homme a beau changer de techniques, d'habitat, de paradigme, de mentalité, d'univers : ce sont toujours les instincts les plus bas qui finissent par l'emporter et légiférer en ses circuits cérébraux.

Kiarostami. Ce qui surprend dans le cinéma iranien, c'est qu'on est immédiatement plongé dans un monde de bienveillance, de compréhension, d'entraide, voire de beauté, et non plus dans un monde où règnent l'envie, la haine et la défiance.

Liberté d'expression. Elle se résume pour la plupart à celle de siffler aux chiottes, et par civisme, de préférence la Marseillaise.

Lutte éternelle. Il faut rester vigilant, lutter, se battre encore et toujours contre cette idéologie de la compétition qui pousse chacun à lutter contre tous, pour ses intérêts immédiats, et au seul profit de son ego dérisoire.

Manipulation consentie. Je ne me laisse docilement manipuler que par les idées d'hommes que je choisis (et idem par des femmes dans ma vie privée), et cette manipulation a ses limites.

Nécessité et Liberté. La liberté n'est un fantasme que pour ceux qui vivent dans la dépendance ou dans la servitude volontaire. Pour les autres elle n'a pas d'autre saveur que celle de la Nécessité.

Ostracism. No pioneer nor visionary is honored in his own country.

Oublier sans oublier. Par hygiène existentielle, il faut savoir oublier (évacuer de la mémoire immédiate) sans oublier (conserver dans la mémoire inconsciente).

Paumiscuité (paumiscuity ? lostlackprivacity ?). C'est la nature même de la modernité : le voisinage de moeurs, milieux et cultures diverses parmi des populations de déracinés à des degrés divers, ayant perdu tout attachement culturel et affectif par la déliquescence des relations individuelles et des systèmes collectifs de croyance et d'adhésion, dont le dernier à tomber sera le scientisme et la confiance en une caste de pseudo-spécialistes et pseudo-experts, ultime rempart technocratique au déploiement monstrueux de la vacuité socio-culturelle et humaine. La paumiscuité se propage par contamination et tous sont touchés : plèbes et élites, nantis et roturiers. Elle signe l'avènement, non de la libération (hallucination des années 60), moins encore du surhomme nietzschéen, pas plus de l'homme ordinaire annoncé par Nostradamus, mais du zombi humanoïde arraché à tout repère et à toute lumière, baignant dans le nihilisme existentiel, et noyé dans la paumitude de sa condition.

Politique éditoriale en France. Rejet, dénigrement, ignorance, évincement systématique de toute altérité, avant qu'un membre de quelque clan décideur ne s'aperçoive que l'écrit proposé pourrait être instrumentalisé à profit comme un maillon glosé de l'idéologie commune.

Politiquement correct. Il n'a pas pour fonction d'empêcher l'expression d'un locuteur, mais d'éloigner de lui tout auditoire potentiel. Il ne vise pas le contenu du discours, mais son récepteur, en neutralisant les circuits de réception de la parole.

Pornographie. Le porno n'est qu'une épice pour le riche ; il est l'horizon et la quintessence de la sexualité du pauvre.

Première Loi de l'Humanité. A l'instar des lois de la matière, de la gravitation, du monde physique (Kepler), la première loi de l'humanité est celle de la survie de l'espèce : l'équilibre entre l'instinct de survie et l'attrait pour l'au-delà, et leurs rapports à la foi et à la conviction intime.

Procès. Que juge-t-on véritablement dans un procès ? Les faits ? Les intentions ? Les apparences ?

Publications : Être publié en France en 3 points.
1. Présenter un texte d'une insignifiance étale qui reproduit les vraisemblances agitées dans l'air du temps. Un zeste de talent suffit.
2. Renoncer aux fruits de son travail au profit des cliques d'intermédiaires qui s'en emparent.
3. Afficher une servitude délibérée envers une obédience ou un cercle d'influence quel qu'il soit (corporation, parti politique, groupuscule idéologique, communauté religieuse...) afin que le texte présenté semble en refléter les tendances ou l'éclairer par quelque biais que ce soit.
Autrement dit médiocrité, frugalité et soumission sont les trois vecteurs d'adaptation dans un pays rongé par le jacobinisme et la haine de toute indépendance.

La Quaternité quadrille le Monde pour l'Être au Monde : elle est sa signification, sa vérité, sa finitude, et sa mort.

Raisons et Foi. Croire (ou ne pas croire) n'est d'aucune utilité. Ce qui compte est d'en donner de bonnes raisons.

Réenchanteurs. Seuls comptent les quelques rares réenchantements de ce monde : tout autre discours, tableau, acte, spectacle... ne fait qu'accroître l'entropie et la désillusion.

Remède existentiel. Être à chaque instant sur le point de lâcher prise et se tenir prêt à s'occuper de son lopin (et sans jamais y avoir planté de graine), c'est encore le seul remède à l'insatisfaction et à la calomnie, et le lot de tout chercheur véritable, en proie aux ignorants, aux pilleurs, et aux hachoirs médiatiques qui moulinent les cervelles.

Retour au Meilleur des Mondes (Huxley, 1958). "Il est parfaitement possible qu'un homme soit hors de prison sans être libre, à l'abri de toute contrainte matérielle et pourtant captif psychologiquement, obligé de penser, de sentir et d'agir comme le veulent les représentants de l'État ou de quelque intérêt privé à l'intérieur de la nation. (...) La nature de la contrainte psychologique est telle que ses victimes ont l'impression d'agir sur leur propre initiative, elles ne savent pas qu'elles sont des victimes, les murs de la prison leur sont invisibles et elles se croient libres. (...) Sous l'impitoyable poussée d'une surpopulation qui s'accélère, d'une organisation dont les excès vont s'aggravant et par le moyen de méthodes toujours plus efficaces de manipulation mentale, les démocraties changeront de nature. Les vieilles formes pittoresques - élections, parlements, hautes cours de justice - demeureront, mais la substance sous-jacente sera une nouvelle forme de totalitarisme non violent. Toutes les appellations traditionnelles, tous les slogans consacrés resteront exactement ce qu'ils étaient au bon vieux temps, la démocratie et la liberté seront les thèmes de toutes les émissions radiodiffusées et de tous les éditoriaux - mais une démocratie, une liberté au sens strictement pickwickien du terme [une liberté de neuneus]. Entre-temps, l'oligarchie au pouvoir et son élite hautement qualifiée de soldats, de policiers, de fabricants de pensée, de manipulateurs mentaux mènera tout et tout le monde comme bon lui semblera."

Science astrale. Elle est hors de portée des bouseux de la culture.

Le scientiste est un roturier de la connaissance, pire que l'idéologue des Lumières et bien plus ignorant que le prêtre avant eux, lequel avait une culture véritable, un idéal, et souvent une détermination à secourir ou à éclairer son prochain. Le scientiste est un ennemi de la vérité, un nihiliste juste occupé à l'éradication de toute adversité.

Sub-culture identique, sursum et deorsum. Le gros des pseudo-élites n'habite pas en un autre monde culturel. Il n'existe aucun film, roman ou spectacle qui leur soit consacré et dont elles seraient les seules à jouir. La couenne et la lie de la sous-culture leur sont familières. Elles en vivent mais tout autant les ingurgitent.

Summum de la partialité. Pour briller dans la partialité, il faut avoir maîtrisé toute forme d'objectivité.

Tarr et Tarkovski. Pessimisme vs optimisme. La Terre ou le Ciel.
- Damnation, Sátántangó, Les Harmonies Werckmeister, Le Cheval de Turin : Boue, Vent et Pluie : l'altération, l'enlisement, le pourrissement, l'éparpillement, la désintégration.
- Andreï Roublev, Solaris, Stalker, Le Sacrifice : Nuées, Reflets, Visions, Lueurs, Auspices : la providence, la foi, la rédemption, l'ouverture à autre monde.

Traîtres. La génération des Soixante-huitards, qui n'est pas exactement celle dite des Baby-boomers mais celle de gens nés vers 1945 en deçà et au delà (ou entre 1937 et 1951 environ, durant le passage de Saturne en quartes printanière et estivale), s'est accaparé les postes et les fonctions, et a réorganisé le social et la culture dans des agencements qui apparaissent encore aujourd'hui indélébiles. Ils se sont soudainement érigés en autorité contestataire des vieilles structures patriarcales, ont été le fer de lance de la déstructuration étatique comme de celle régissant les relations individuelles, et ont voué un culte au nomadisme sauvage, en espérant qu'un monde libéré ressortirait de ce remue-ménage. C'est l'inverse qui est advenu : le verrouillage, le contrôle et la surveillance de la vie privative, le rétrécissement de tous les horizons, la dérégulation des protections sociétales et l'irresponsabilisation des acteurs politiques. Autrement dit ils ont trahi, par stupidité pour quelques-uns et par avidité pour presque tous.

Trois critères d'évaluation de la pertinence d'une affirmation selon le locuteur : 1) sa capacité, ses connaissances, son expérience ; 2) sa sincérité, ses affects ; 3) son intention, son intérêt, son implication.

Unde loqueris ? J'ai la stupidité en horreur, me méfie de tout endoctrinement pour quelque cause que ce soit, comme de tout engouement ou enthousiasme collectif. Je ne suis ni consensuel, ni individualiste, ni patriote, ni libertaire, ni anarchiste. Toute manipulation des consciences me dégoûte, serait-ce pour la meilleure cause, et le rapport au politique ou au religieux n'est que cela : instrumentalisation des consciences. Ce sont les porcs s'adressant aux ânes, qui demandent : D'où parles-tu ?

Vomis ancestral. On trouverait aux sarcophages des monarques et souverains du passé qui, par effet théurgique, auraient porté un regard médiumnique sur leurs successeurs actuels, un amoncellement de vomissures fraîches.

Torino, SatPap, Prisse


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Patrice Guinard : Idées en Vrac 2018
http://cura.free.fr/2015/1812vrac2018.html
06-12-2018 ; updated 30-12-2018
© 2018 Patrice Guinard