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Idées en Vrac 2016
Patrice Guinard

 
 

Age d'or au paléolithique, à l'ère du chasseur-cueilleur. Après : la dégénérescence. Les premières sociétés agraires découvrent la communauté, le relationnel, et avec lui l'ego. C'est le relationnel qui crée l'ego ! Au stade des Cités-États, l'accumulation des biens s'accélère : naissance de la propriété et de l'autre ennemi de l'homme, l'alien.

L'Aphorisme. C'est un feu sans flamme, un feu qui ne réchauffe pas, estimait Cioran. Nietzsche, héritier des penseurs et moralistes des XVIIe et XVIIIe siècles, l'exerçait avec brio. Quel philosophe ou penseur moderne plus que lui fut capable d'éveiller la conscience et de la mener à ses limites, aux lieux où elle s'annihile et disparaît ? Mais l'apatride d'origine austro-hongroise a raison : éveiller n'est pas réchauffer, éveiller c'est faire naître une transformation dans la conscience et laisser le lecteur dans le silence et à sa solitude. L'aphorisme gomme le superflu, la rhétorique, la théâtralité, les aléas de la production, la petite histoire, la mise en scène de la parole. Avec l'aphorisme, on n'est pas là pour faire de la littérature ou de la cochonnaille, ni pour s'apitoyer sur les déboires existentiels : on y est pour l'essentiel, pour confronter cet essentiel à l'indéfinitude de l'esprit et du réel. L'aphorisme n'est qu'éclat et éclair dans le néant. Et il ne réchauffe pas, certes : il illumine.

Astrologiens. La plupart des dits astrologues modernes et bigots de l'astrologie, paradoxalement ne croient pas à l'astrologie, mais en des recettes et discours inculqués. Rarissimes sont ceux qui sont allés chercher l'astrologie, lui ont fouillé les tripes et remué les entrailles. L'intention astrologique requiert une réorganisation mentale conséquente, irréalisable au confort mental de la plupart, et une subordination, voire une éradication de représentations ambiantes. On ne devient pas astrologue dans le train-train sociétal normalisé. L'astrologie isole car elle reste vilipendée par les intelligentsias d'esprits formatés et cyniques, et plus encore dans les pays où le formatage des élites est centralisé. Au vu de sa déchéance actuelle, il est temps qu'elle redevienne discrète, "ésotérique", comme elle le fut diversement dans le passé, et qu'elle se replie sur elle-même pour évoluer plus sainement. La démocratisation de l'astrologie à partir d'Alan Leo et d'autres de même acabit a engendré un ersatz bâtard sans valeur, une astrologie "pour tout le monde" qui ne vaut pas tripette.

La bêtise : il faut la nourrir, non pas chercher à la guérir.

Chacun sa Chance. Chacun est doté d'un potentiel, d'un ensemble de qualités, capacités, pouvoirs, désirs, mana ... qui lui est propre, qui n'appartient qu'à lui, et est composé à plus de 53% de tendances liées aux Astres, à moins de 27% d'influences telluriques et climatiques, à près de 13% de tendances liées aux gènes, et au dernier quinzième de celles procédant du milieu social. Ptolémée avait exposé ces quatre sources dans son Tetrabiblos, mais l'obscurantisme moderne a inversé les proportions congrues et éradiqué les influences astrales par la croyance en la suprématie illusoire de la raison et l'instrumentalisation du monde matériel ployée à son service. Cet implexe de tendances, terme cher à Valéry, est à chacun sa seule richesse, son seul bien, sa seule raison d'exister. Par ignorance, peur ou stupidité, on laisse ce potentiel se dégrader, se faire envahir par l'extériorité et l'illusion, et dévorer par les idoles et fantômes engendrés par le milieu. La santé, le "moral", la force vitale résultent de la proportion entre la part libre et originelle de l'implexe et sa part asservie, aliénée. On ne vit pleinement qu'au service de soi-même.

Contre-voyance. Les sociétés telles qu'elles adviennent (appauvries, amorphes, aconviviales, aculturelles) sont à l'inverse des espoirs et des imaginations des grands protagonistes des années 60 et 70 : Deleuze, Debord, Duras. Toute éventuelle sympathie se transforme en malaise au constat de cette cécité.

Culture. Être cultivé, c'est avoir acquis un savoir personnel indépendant des endoctrinements subis au cours de ses apprentissages.

Donneurs de leçons. Recevoir des leçons de liberté, de conscience, d'indépendance... de la part de ceux qui ont forgé leur jugement et sentiment dans des brochures et des assemblées dites citoyennes !

Effet de perception. C'est moins l'espace des libertés qui se rétrécit en peau de chagrin que celui de la toile concentrationnaire qui s'étend à tous les recoins.

Égalité des chances signifie éradication des qualités individuelles innées. C'est gommer les valeurs qu'on dirait "aristocratiques" (culture, sensibilité, goût, raffinement, distance...), et finalement de toute valeur réelle au seul profit de ce qui les nie toutes : l'argent. C'est ainsi que l'idéologie amplifie le matérialisme nihiliste.

Égalitarisme. Plus qu'à l'argent et aux privilèges, l'égalitarisme s'en prend à l'humain, à son potentiel inné, à ce qui n'est pas produit et ne peut l'être par l'activité et le jeu des rapports sociaux. L'égalitarisme nie le vivant et l'humain et ce qui pourrait échapper à son pouvoir de nivellement. Il broie ce qu'il y a de plus précieux en chacun.

Enfer. On peut se mentir à soi-même pendant des semaines, mois, années, et y trouver toujours d'excellentes raisons et de nouvelles ; et même pendant toute une vie jusqu'à l'heure de la mort, voire même après la mort : c'est ce que les médiévaux appelaient l'Enfer.

Espoirs vains d'un renouveau par le réveil des consciences, par la bonne volonté collective, le bon sens populaire, ou encore à l'avènement salutaire de la prétendue ère du Verseau. Niaiseries et foutaises. Ce n'est que lorsque la modernité aura atteint le comble de l'immonde que pourra renaître le monde.

Folie contrôlée. Gérer son potentiel raison-déraison, vivre à chaque instant dans cet équilibre contrôlé.

Game over. Les jacassements finissent par s'émousser, puis disparaître. Tout se tait, tout se taira. La vérité étale s'installe dans le silence... Mais ça n'a plus d'importance.

Liberté et illusion d'expression. On laisse parler et écrire tant qu'on donne du Vivat pour le médium. Les outils de diffusion et de communication ne sont disponibles que pour les plus serviles. L'expression indépendante s'évanouit dans le fracas ambiant. Rien n'a changé depuis l'âge des courtisans, hormis peut-être le dégoût qui saisit parfois les moins idiots parmi leurs successeurs modernes. Aux autres se profile la menace vexatoire et concentrationnaire, leur rappelant que le droit et effet de parole n'est véritablement réservé qu'à l'imbécile subventionné ou lobotomisé en service commandé.

Marx. Le Capital est fruit de la spoliation. Ce qu'il n'avait pas imaginé, c'est que le Capital en viendrait à instrumentaliser les États et à opérer principalement via ce racket transféré aux populations.

Matérialisme et scientisme, qui comptent parmi les mirages les plus vivaces de la modernité, sont destinés à s'effondrer subitement, sans heurt ni douleur, à moyen terme, à l'image du mur à Berlin ou de l'empire soviétique.

Officines académiques. Aucune étincelle, innovation, impulsion essentielles ne proviennent des universités et centres académiques. Aujourd'hui comme hier.

Polichinelleries politiques : réprimer le plus vieux métier de la femme, et dans le même temps favoriser celui de l'homme, collaborateur.

De la qualité des rencontres. Exceptionnellement c'est tout abandonner pour se rendre disponible, attentif. Communément la qualité de la rencontre est relative à la fréquence : rencontres multiples et tièdes chez les êtres communs, occasionnelles et intenses chez les plus rares.

Reflux. Aucun mécanisme de défense, serait-il le plus sophistiqué, ne résiste au reflux de la conscience. On peut se mentir à soi-même pendant des mois ou des années : vient l'heure du réel qui assaille l'esprit et le retourne à la lumière de ce qui est.

Révoltes et soulèvements populaires deviendront de plus en plus improbables, non tant en raison du perfectionnement des machineries répressives, mais à proportion de l'éradication des instincts fondamentaux en chacun.

Sélection, misanthropie et misogynie. Ce bouffeur violent et peureux, ignorant et servile, se vautrant vulgairement dans les plaisirs triviaux, satisfait de vivre, penser et croire comme un porc, ce sont les femmes qui l'ont épaulé depuis des siècles.


Sociétés modernes
. L'homme y est ramené au plus bas : prolifération de codes et de lois, égalitarisme, destruction des espaces privatifs, lieux d'expression aménagés, truqués, piégés, surveillance généralisée, comportements bridés... Tout va à l'encontre des aspirations et dispositions naturelles. Plus les lois se multiplient, plus l'homme diminue. Toute société avancée fait l'inverse : elle cultive les instincts, favorise les différences, elle leur donne un champ, une latitude. La modernité, c'est l'avènement et la fabrication du sous-homme sur terre.

Taxation et prélèvements. Soit l'impôt est fort, maximal, et le taxé est en droit d'obtenir ou d'espérer en retour le meilleur, soit il est faible, minimal, et l'économie réalisée permet de développer de plus amples projets personnels. Le déclin d'une nation s'amorce dans les moments de taxation maximale et de retours insignifiants.

Terreur et Exclusion nationales. C'est le pays de la Terreur (de la guillotine et des têtes légalement tranchées) et de l'Exclusion (et d'abord de ceux qui résistent à l'uniformisation et aux prétendues valeurs universelles) qui s'institue et se prévaut pionnier et garant des droits de l'homme. En réalité, l'exclusion provoque la terreur et celle-ci couve et engendre l'exclusion. Toute une dynamique sociétale au service du renouvellement des populations !

Thanatos redividus. Transformer tout ce qui est vivant en substitut, en produit de remplacement, c'est-à-dire de mort.

Vie et Après-vie. La croyance moderne, le dogme matérialiste, c'est qu'il n'y a rien après la vie terrestre, ni âme, ni esprit, ni conscience, auxquels la science n'a su donner le moindre début d'explication. Rares sont ceux qui croient à l'après-vie, en quelque survivance à l'extinction de l'existence corporelle, autres que bigots et tartuffes, car sinon, étant donné l'état des conditions existentielles modernes, beaucoup parmi ceux qui n'ont pas l'énergie de combattre son caractère ignominieux, seraient déjà passé de l'autre côté. Dans certaines sociétés antérieures parmi les plus anciennes, plus respectueuses du vivant et de l'humain, moins intrinsèquement corrompues, la croyance aux esprits et en l'au-delà était partagée et le plaisir d'exister lui était corrélatif. L'équilibre entre la foi et les conditions d'existence est resté le même aujourd'hui : sociétés malades et pourries mais Au-delà délétère ou inexistant. Autrement dit le rapport entre l'instinct de vivre et l'attirance vers l'autre vie reste le même : plus l'existence est intensément vécue, plus la foi en l'immortalité est forte ; plus l'existence est terne, plus cette foi est faible. C'est une loi nécessaire à la survie de l'espèce.

Virtus altera. Ils n'ont ni talent, ni goût, ni probité, et moins encore d'intelligence. Que leur reste-t-il ? La médisance et le pouvoir de calomnier.

 
 
Patrice Guinard : Idées en Vrac 2016
http://cura.free.fr/2015/1701vrac2016.html
03-01-2017 ; revised 17-12-2017
© 2017 Patrice Guinard