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Astrologie et Ethnométhodologie 3/3
par Hubert Brun



N. Éd. : Ce texte, diffusé en 3 volets, est celui du mémoire de D.E.S.S., soutenu par Hubert Brun en 1993, à l'Université Paris 8 (discipline Ethnométhodologie et Informatique ; direction Yves Lecerf et Jean-François Dégremont), sous le titre initial "Ethnométhodologie et Arts Divinatoires".


2ème partie : Incursion de l'ethnométhodologie dans le monde étrange des astrologues (2/2)
 

3. Présentation des tribus de l'astrologie

    La tribu des astrologues ne se distingue pas extérieurement par des attributs apparents, comme le chapeau pointu du mage ou la grande toge de l'officiant, mais les astrologues les portent encore dans leur imaginaire. Ce sont des êtres bizarres qui utilisent des éphémérides où se trouve la position des planètes, ils se servent de drôles de dessins qu'ils appellent carte du ciel ou thème natal et qui représente la position du ciel incluant les planètes, les signes du zodiaque, les maisons et les aspects planétaires. A partir de ces outils étranges, ils reçoivent des clients qu'ils ne connaissent pas et leur parlent de leur vie et de leur destin ! Autrement dit, ils se réfèrent à des planètes situées à des millions de kilomètres de distance et à des signes qui n'ont aucune existence réelle, pour décrire une personne qui, elle, est bien présente en chair et en os à côté d'eux. On croit rêver !

    Ils se reconnaissent entre eux à travers leur sens commun, leur langage, leur compétence unique, les allants-de-soi, les évidences. Ils se voient comme Verseau ou Capricorne, ce qui leur donne une autre identité. Le langage courant est d'ailleurs très imprégné de références astrologiques, de sorte que nous sommes tous membres dans une certaine mesure, à travers notre langage et nos rites, de la communauté astrologique. Les métaphores : Le Soleil a rendez-vous avec la Lune ; Monter au septième ciel. Les mots : Lunatique, mal luné, être dans la Lune ; Théâtre (astres de dieu), désastre (d'après l'influence supposée de la mauvaise étoile) ; Considérer (tenir compte des étoiles) ; Sidéré (être placé sous l'influence maligne des étoiles) ; Martial (Mars dieu de la guerre) ; Jovial (né sous l'influence de Jupiter) ; Saturnales (fêtes en l'honneur de Saturne). Les symboles : Mars et Vénus représentent les symboles masculins et féminins en psychologie. Les jours de la semaine : Lundi est le jour de la Lune ; Mardi/Mars ; Mercredi/Mercure ; Jeudi/Jupiter ; Vendredi/Vénus ; Samedi/Saturne ; Dimanche, jour du Seigneur est resté en Anglais Sunday, jour du Soleil. Les principales fêtes du calendrier : Noël et le solstice ; Pâque et l'équinoxe...

    Les astrologues partagent un ensemble de traits de caractères tel que l'individualisme et l'originalité qui les rendent inaptes à travailler en équipe, ce qui entraîne des conflits, des luttes de pouvoir entre eux. Mais ils savent fonctionner dans des systèmes de parrainage comme Félix qui reçoit une clientèle envoyée en majorité par des psychothérapeutes et des médecins. Les astrologues, sont incapables de se regrouper à l'intérieur d'une corporation qui exigerait de la part de ses membres une compétence sérieuse en astrologie et en psychologie ainsi qu'un engagement à respecter un code de déontologie professionnel. Par contre ils se retrouvent à des congrès comme le 27 et 28 Mars 1993 au palais des Congrès de Paris, où furent organisées les journées de l'A.R.R.C (Association pour la Recherche sur les Rythmes Cosmiques), sur le thème : "Le Soleil, la Lune et les Luminaires noirs". Pas moins de 500 personnes répondirent au rendez-vous, réservé pourtant à des spécialistes.

    De nombreux astrologues ne sont pas déclarés, préférant cumuler leur pratique avec un autre emploi. Cette situation s'explique par la crise économique mais aussi par le refus de l'astrologue de s'insérer dans la société. Les astrologues font de la contrebande dans les contre-allées de la science officielle. Certains astrologues, par leur désir de fusion à des valeurs d'universalité, se sentent reliés à un grand tout et peuvent éprouver le même genre d'émotions que certains philosophes-astrophysiciens. A ce niveau l'astrologue est projeté dans l'infiniment vaste, il ne peut se sentir que petit, humble et côtoie ainsi le sentiment religieux.

    Les astrologues déclarés s'installent en profession libérale, leurs tarifs varient entre 300 Frs et 600 Frs pour les moins connus. Leur train de vie est généralement assez modeste ce qui est loin d'être le cas pour les astrologues célèbres qui peuvent doubler voire tripler ces tarifs. C'est le cas d'E. Teissier qui n'hésite pas à demander 1500 Frs pour une consultation. La clientèle diffère quelque peu puisque E. Teissier conseille Juan Carlos et d'autres illustres clients !
 

Félix, l'astrologue

    Félix m'a confié comment était née sa vocation d'astrologue. Il m'a raconté que vers l'âge de six ans, ses parents l'ont fait garder par une tante afin de pouvoir se rendre chez des invités. Ceci fut un événement important en lui-même, dans la mesure où il était extrêmement rare pour lui de sortir du cocon familial. Le soir, avant de s'endormir, il s'apprêtait à se retrouver seul dans la chambre et dans le noir, ce qui était devenu pour lui une source d'angoisse. Or, à sa grande surprise, sa tante alluma une petite lampe tamisée, brancha l'électrophone, et lui fit écouter l'histoire du Petit Prince de Saint-Exupéry. Il était tout excité à l'idée qu'on lui permettait de transgresser un interdit et très vite il fut fasciné par l'histoire elle - même ; il fut transporté dans un monde merveilleux et magique ; bien vite, il oubliait ses angoisses et s'endormit à la fin de l'histoire, détendu et heureux.

    Dix ans plus tard, sa soeur lui offrit un livre d'astrologie, où dès les premières pages, il eut l'impression d'entrer dans une sorte de lieu sacré qui allait lui faire retrouver le Petit Prince qui habite quelque part sur une planète lointaine. L'astrologie lui donna une clef d'accès aux contes et légendes, une grille de lecture des mythes que nous portons en nous. Il a étudié l'astrologie pendant 12 ans, en fréquentant différentes écoles, (J.Berton, F. Villée, C. Duchaussoy). Il a effectué certaines recherches personnelles ainsi que des cours et des consultations. Il a également suivi une psychothérapie et participé à des groupes de développement personnel dans l'esprit rogérien de la "non-directivité" et de la Gestalt-théorie.

    Ceci l'a amené, dit-il, à reconsidérer sa position d'astrologue dans le cadre des consultations en s'impliquant davantage et en privilégiant le relationnel, bref en considérant que la consultation est avant tout la rencontre entre deux êtres humains, avant d'être la rencontre entre un astrologue et son client. Il lui a été fréquemment demandé, par les personnes du groupe, d'interpréter leur thème astral, ce qui, dit-il, l'a amené à enrichir considérablement sa grille de lecture astrologique, grâce à la connaissance préalable de leur histoire personnelle. Il a également été formé à l'approche interactionnelle de Palo Alto.
 

La commercialisation du produit astrologique

    L'astrologie commerciale "nous incite à prendre nos désirs pour des réalités et notre réalité pour le fruit de nos désirs" (E. Morin, 1985). Ce même auteur la qualifie d' "astrologie pauvre pour les pauvres". Mais où se trouve donc l'astrologie riche? Dans les services Minitel qui offrent des consultations d'astrologie, de tarot, de voyance totalisant un chiffre d'affaires de plusieurs centaines de millions de Francs par an. La société Astroflash, sur les Champs-Elysées, qui distribue des horoscopes personnalisés a réalisé un chiffre d'affaires de 5 millions de Francs en 1992. Le secteur de l'édition, dans le domaine de l'ésotérisme souffre moins qu'ailleurs de la crise. Le livre de S. White, L'astrologie chinoise, s'est vendu à 350 000 exemplaires Les magazines féminins sont obligés de consacrer systématiquement une page à l'horoscope pour soutenir leur vente.

    Sur les ondes, la très célèbre Madame Soleil continue de fournir sur Europe 1 son "astro-météorologie" alors que le voyant Didier Derlich s'est rapidement recyclé dans la lecture des étoiles pour le plaisir (et la naïveté...) des auditeurs de R.T.L. Le public rêve de lire son avenir dans les astres, et l'astrologie qui étymologiquement signifie "langage astral" s'est transformée en magie. Le public ne fait guère de distinction entre l'astrologie, le tarot ou la voyance, et leur crédulité est exploitée par les marchands de rêves. F. de Closets a montré sur France2 que le service Divinitel sur Minitel, emploie des étudiants sans aucune formation pour répondre aux questions des consultants.
 

Lettre à un charlatan

Animal sorcier, mutant d'un dieu triste et cynique !
Tu crois être fort en détruisant les étoiles des autres.
Tu ne verras jamais les miennes car je les garde dans mes yeux.
Regarde un peu tes futiles cibles qui te crèveront un jour toutes tes illusions.
Étoiles qui n'existent plus au moment où on les voit, alors que peut-être ce sont nos yeux qui ne voient plus ou qui déjà sont morts.
J'aimerais te parler des étoiles, toi qui n'arrête pas de vouloir leur trouver une signification.
Les étoiles sont belles, elles sont là, mais ce n'est pas un livre, alors pourquoi chercher une signification scientifique à la beauté ?
La beauté est sournoise, elle revêt différentes formes, ce sont les instants qui changent tout : une fille n'est pas belle tout le temps, un geste peut la transformer, un rire, une larme suffit à vous donner une tempête dans le coeur.
Dans le ciel il peut y avoir des étoiles qui mentent et des nuages qui effacent !
Regarde un peu les étoiles gratuitement, pas pour lire l'avenir atrophié d'espérance des gens, mais regarde les étoiles parce qu'elles te regardent, parce qu'elles sont rassurantes certaines nuits, qu'elles sont des millions de chandelles, d'étincelles de vie, d'espoirs d'un endroit encore vierge des pas sales d'hommes en mal d'assouvir leurs besoins de puissance sur tout.
Les étoiles sont belles parce qu'inaccessibles comme nos rêves.
Quoi que tu fasses, tu es seul dans tes étoiles qui ne te connaissent même pas, dans tes calculs qui ne t'apportent qu'une connaissance étrange de l'homme.
Je ne veux pas te croire charlatan, mais tu es mon ami alors je t'écoute en riant faire parler tes étoiles. Signé : Mélusine

"La douceur fleurie des étoiles et du ciel et du reste descend en face du talus, comme un panier, contre notre face, et fait l'abîme fleurant et bleu là dessous." Rimbaud (illuminations)

    Le psychanalyste pourrait peut-être déceler chez l'astrologue un complexe de castration, dans son désir de relier avec le ciel faute de pouvoir se relier avec le père. Dans ce sens les aveugles de Baudelaire ou de Bruegel feraient penser à de malheureux astrologues en quête d'un père céleste inaccessible. "Que cherchent-ils au Ciel..." demande Baudelaire, faisant écho à la peinture de Bruegel, La parabole des aveugles, représentant une humanité aveugle se précipitant vers son inévitable destin.
 

Les aveugles

Contemple-les, mon âme ; ils sont vraiment affreux !
Pareils aux mannequins ; vaguement ridicules ;
Terribles, singuliers comme les somnambules ;
Dardant on ne sait où leurs globes ténébreux.

Leurs yeux, d'où la divine étincelle est partie,
Comme s'ils regardaient au loin, restent levés
Au ciel ; on ne les voit jamais vers les pavés
Pencher rêveusement leur tête appesantie.

Ils traversent ainsi le noir illimité,
Ce frère du silence éternel. O cité !
Pendant qu'autour de nous tu chantes, ris et beugles.

Éprise du plaisir jusqu'à l'atrocité,
Vois ! je me traîne aussi ! mais, plus qu'eux hébété,
Je dis : Que cherchent-ils au Ciel, tous ces aveugles ?
 

Les courants astrologiques actuels

    Le village des astrologues est un milieu très divisé, où certains s'accusent mutuellement d'être irrationnels ou superstitieux. On trouve des astrologues honnêtes et malhonnêtes. Je dois souligner au préalable l'arbitraire de ma classification qui est le fait de ma compétence unique.
 

    Le courant objectiviste est représenté par des chercheurs des disciplines des sciences exactes (mathématiciens, physiciens, statisticiens...). Tous ont pour point commun un souci d'objectivation du phénomène astral vis à vis de la science. Ils se séparent en deux groupes.

- Les statisticiens. P. Choisnard (1867-1930), militaire et polytechnicien est le premier à avoir appliqué en France la méthode statistique (1920) à l'astrologie. Ses résultats furent repris plus tard par le psychologue M. Gauquelin (1960-1988) qui rechercha des correspondances entre les planètes et le comportement psychologique des individus. Son travail repose sur un ensemble de 30 000 cas. Il aurait mis en évidence le fait que la planète Mars (située à l'horizon ou au méridien au moment de la naissance) dominait chez les sportifs, Jupiter chez les acteurs ou les politiciens... Ces conclusions sont contestées par les scientifiques. Citons, parmi d'autres chercheurs, S. Fuzeau Braesch (1992), qui a pu établir une corrélation très étroite (excluant le hasard) entre les données caractérologiques de l'astrologie classique (le Soleil est indice de volonté, la Lune de sensibilité, le signe du Bélier d'extraversion et d'action, etc.) et les réponses données à un test de personnalité par les familles concernées (qui des deux jumeaux est le plus actif, le plus stable, le plus vif ? etc.).

- Les cosmobiologistes. Ceux-ci prétendent qu'il existe un rapport physique entre les rythmes cosmiques et les comportements humains. Le Dr. E. Jonas, en Tchécoslovaquie (1967) aurait mis en évidence des corrélations entre le cycle de la lunaison et la physiologie de la femme. En admettant que ce genre de rapport existe, cela ne permettrait pas de valider l'astrologie qui ne se limite pas au cycle de la lunaison. D'autres chercheurs comme J.P. Nicola (1992) tentent d'établir une relation de structure entre le microcosme et le macrocosme. C'est ainsi que JP. Nicola, fondateur de l'école conditionaliste, fait une démonstration mathématique séduisante mettant en évidence un rapport entre la structure spatiale électronique de l'atome d'hydrogène et le système solaire. Ce chercheur audacieux, bien qu'imprégné de logique platonicienne prend la précaution d'introduire son livre par une citation de A. Connes (1989): "...existe-t-il une harmonie préétablie, à laquelle l'homme est sensible parce qu'il vit dans ce monde harmonieux, ou bien crée-t-il lui-même l'harmonie? Découvrons-nous la réalité harmonieuse...ou bien créons-nous l'harmonie de la réalité ?"

    Le courant événementiel correspond à une vision animiste du monde où les planètes sont des Dieux qui gouvernent notre destin. Dans cette optique, l'homme subit l'influence des événements perçus comme extérieurs à lui.

    Le courant symboliste considère le symbole astrologique comme une approche de l'inconscient. Elle est née de la confrontation de l'astrologie aux découvertes psychanalytiques. L'approche Freudienne fut impulsée en France par A. Barbault (1961) et l'approche Jungienne par D. Rudhyar en Californie qui a insisté sur l'aspect holistique de l'astrologie.

    Le courant structural est représenté par une école, qui tente d'intégrer la philosophie existentialiste et la phénoménologie à la théorie astrologique. L'inspirateur de cette école est Jean Carteret pour qui "l'astrologie n'est pas un savoir que l'on acquiert de l'extérieur, mais une projection de la présence du monde dans la conscience." A sa suite, le polytechnicien D. Verney créa une école qui servi de modèle au centre d'astrologie structurale de C. Duchaussoy. Ce dernier dispense une formation d'une durée de sept ans, donnant la possibilité d'exercer la profession d'astrologue sous le label "Astrologie Structurale".
 

    Félix propose également une vision personnelle de l'astrologie qu'il définit de la manière suivante :
- Une astrologie insolente, novatrice, dérangeante, savoureuse, qui met à jour le non-vu et le non-dit.
- Une astrologie généreuse, relativiste, qui utilise un langage simple, poétique, imagé pour ouvrir à une métaphysique, une compréhension plus vaste de l'homme dans l'univers.
- Une astrologie qui part du caché, de l'invisible pour amener au vivant, au convivial.
- Une astrologie s'adressant à un public, engagé dans une quête d'essentiel, ayant un souci de rigueur, de précision, de verticalité Un public pour qui l'information, la quête intérieure, n'a de valeur que si elle débouche sur une profondeur dans le partage, dans une ouverture, une insertion dans la communauté des hommes.
- Une astrologie qui ne soit pas en quête d'un ailleurs, d'un nirvana, mais qui est dans un "ici et maintenant" créateur, vivant et joyeux.
- Une astrologie entre deux infinis (du télescope au microscope), où l'homme est l'interface, sorte de conscience à doubles parois, où il lui est possible de capter les facettes de l'univers : le tangible et l'invisible, le réel et le virtuel, le quantitatif et le qualitatif, la connaissance et le savoir.
- Une astrologie qui débouche sur un univers mobile, surprenant où le thème natal est une structure muette, calme qui s'anime à l'instant précis de la rencontre entre l'astrologue et l'être qui s'interroge.
- Une astrologie du coup de foudre, on en tombe amoureux et en même temps on reçoit ce qui tombe du ciel.
- Une astrologie où le thème natal n'est pas une carte d'identité, mais une grille de lecture mouvante.
- Une astrologie où la position de l'astrologue est de se laisser surprendre par la forme, la couleur que l'autre donne à son thème, où, en vertu de la loi de la relativité, la perception du thème natal par un observateur est obligatoirement différente pour chacun.

    Voilà donc une astrologie bien prometteuse ! Je pense que les différentes formes d'astrologie proposées se distinguent principalement par la personnalité de l'astrologue qui en est le promoteur et par sa capacité à communiquer son savoir. Dans le cas de Félix, l'originalité de sa démarche provient en partie de sa formation à l'approche interactionnelle de Palo Alto qui lui a permis de développer des capacités d'analyse et de décodage des problèmes relationnels grâce à une vision systémique des symptômes, l'utilisation de techniques d'intervention et de stratégies de changement. L'astrologie est comparable à une sorte d'auberge espagnole : on y trouve ce que l'on y apporte ! Pour clore ce chapitre il faudrait citer également d'autres formes d'astrologies telles que l'astrologie karmique, chinoise, ou hindoue.
 

Les français et les para-sciences

    Un article faisant allusion à l'astrologie, fut publié dans le mensuel Repères de Novembre 1992, destiné aux personnels de la CCAS (comité de coordination des activités sociales) et aux agents EDF-GDF. Je cite : "Dans une étude réalisée il y a deux ans pour l'Association Science Technique et Société, il ressortait que 41% des Français avaient peur de la science. Cette angoisse exprimée dans le contexte difficile d'une crise économique et sociale se traduit par un retour à une certaine forme d'obscurantisme (voyance, astrologie, jeux de hasard...)."

    Il est vrai que la période actuelle de crise économique et sociale génère une attitude régressive qui se traduit par un repli sur des valeurs individuelles ou traditionnelles, un souci écologique par peur des conséquences de la science, une montée de l'irrationnel, qui amène la montée du fascisme par la recherche d'un ordre réparateur et du fanatisme religieux par peur de la résurgence du chaos. L'astrologie, me semble-t-il, a un rôle compensateur face à la période de crise que nous traversons, car en tant qu'humain on a besoin de se rassurer avec des rêves, des contes de fée, des illusions.

    Les scientifiques sont obligés de reconnaître leurs limites. Les astrophysiciens face aux trous noirs touchent aux limites du raisonnement car ils sont obligés d'imaginer l'infini, la mort, l'au delà qu'on ne peut pas penser humainement. Ceux qui sont croyants répondent que c'est Dieu, les autres reconnaissent leur impuissance. L'être humain a besoin de se rassurer en croyant que les scientifiques proposent une démarche où tout est sûr, rationnel, mais la science moderne a perdu le monopole de la rassurance, pire encore, elle fait peur !

    N'ayant plus de travail, les paysans ont dû quitter leur campagne et s'ouvrir à de nouveaux horizons. Ils se mirent en quête de nouvelles valeurs pour remplacer les valeurs familiales. Certains furent attirés par l'astrologie, les sciences occultes dans lesquelles ils trouvèrent de nouvelles valeurs. La montée de l'obscurantisme n'est pas indépendante de la crise actuelle. Mais est-ce une raison suffisante pour rallumer le feu des bûchers de l'inquisition?

    S. Fuzeau-Braesch (1989) mentionne, qu' "une enquête sociologique approfondie a été effectuée par un groupe dirigé par E. Morin." (E. Morin, 1985). Elle fait apparaître que "Ce n'est pas le rationalisme en tant que tel qui est atteint mais plutôt la confiance globale dans les sciences exactes qui semble quelque peu ébranlée." Il apparaît, en fait, que l'intérêt croissant pour l'astrologie n'est pas liée à la peur de la science, mais à l'insatisfaction que génère la science par sa vision réductrice du monde et de l'homme. L'enquête dirigée par E. Morin illustre assez bien, ce que les sociologues appellent un "militantisme anti-astrologique". Les auteurs ne font pas la distinction entre l'horoscope de supermarché et la consultation d'un spécialiste qui pratique une étude approfondie de la carte du ciel.

    On sait, depuis l'enquête sociologique effectuée par les élèves d'E. Morin, que "l'anti-astrologie rationaliste, est le fait de l'Union Rationaliste. Groupant principalement des chercheurs des sciences exactes, elle est plus ou moins contrôlée par la vieille école des universitaires communistes du groupe La Pensée. Fondée à l'origine contre la religion et militant depuis le début du siècle dans ce sens, l'Union Rationaliste a élargi et même converti ses activités contre les formes renaissantes de l'occultisme... et le renouveau astrologique. " Ainsi, pour C. Fischler, dans le même travail, le "rationalisme positiviste" se montre gardien de la "légitimité scientifique", "s'érige péremptoirement en autorité épistémologique suprême", gardant "le silence sur certaines formes du délire politique qui se réclament pourtant toujours, elles aussi de la scientificité". Ce sociologue voit donc dans les polémiques évoquées ci-dessus non "le choc de la rationalité contre l'irrationnel, de la raison contre l'obscurantisme, mais la collision de deux rationalismes contradictoires... ". Si les communistes veulent supprimer l'astrologie, par quoi veulent-ils la remplacer ? L'histoire nous a montré que les communistes ont une fâcheuse tendance à transformer les rêves en cauchemars !

    Selon un sondage réalisé, par la Sofrès, à l'occasion du colloque sur "les Français et les para-sciences", organisé par Le Monde en Février 1993, 58% des personnes interrogées pensent que l'astrologie est une science, 46% croient à l'explication des caractères par les signes astrologiques (au lieu de 40% en 1988), mais 29% seulement font confiance aux horoscopes. Enfin, 82% des Français sondés pensent qu'il y a des réalités que la science ne parviendra jamais à expliquer. "Cette avancée des para-sciences a sans doute un rapport avec les incertitudes que rencontre la société actuelle. Les gens sont inquiets pour leur avenir - divorce, chômage, pauvreté. ils ne supportent donc pas l'idée du hasard et préfèrent la gestion magique de l'avenir par l'astrologie", suggère le sociologue D. Boy (1993).

    Pour T. Anatrella (1993), les relations individuelles ou sociales fonctionnent actuellement sur un mode fusionnel par refus d'intégration du complexe d'Oedipe (intégration de la loi, du principe de réalité). Le mode de fonctionnement duel ne laisse pas d'autres alternatives que la fusion ou la rupture. La rupture des liens se retrouve dans tous les domaines : divorce, chômage, immigration, conflits ethniques. Le phénomène de fusion est recherché par certaines personnes qui, nous dit T. Anatrella, "s'aménagent un espace subjectif où s'apaisent miraculeusement tensions et conflits : ce sont les rites de guérison, les thérapies émotionnelles et corporelles, l'astrologie associée à la psychologie et les proliférations des sectes."

    Cet espace où l'on se "tient chaud" se limite-t-il à la liste énumérée par T.Anatrella ? Il semble plutôt que ce phénomène est commun à toutes les tribus (associations, clubs, etc.) car il est nécessaire, nous dit M. Maffesoli (1991), pour lutter contre les métropoles froides et inhumaines : "la déshumanisation réelle de la vie urbaine, secrète des rassemblements spécifiques pour partager la passion et les sentiments." Pour H. Lefebvre (1970) les modes de vie des sociétés industrielles désocialisent, les décisions politiques contribuent à déposséder les individus de leur vie. H. Lefebvre constate une concentration du pouvoir central à tous les niveaux, au détriment des couches sociales périphériques, ce qui a pour effet, d'après F. Basaglia (1970) une accentuation de la périphérisation des populations qui se trouvent de plus en plus marginalisées et se replient sur elles-même.

    Il semble qu'actuellement ce modèle de société doté d'un pouvoir pyramidal absolu ait trouvé sa contrepartie dans la création de tribus diverses et variées à l'intérieur de nos sociétés ("des villages dans la ville"). Cette nouvelle attitude permet de sortir du repli sur soi par la création de nombreux centres au sein de la périphérie.
 

Un anthropo-cosmologisme

    Selon J.Servier (1991) : "...l'ethnologie est peut-être née du premier étonnement de l'homme apercevant son reflet dans un cours d'eau et découvrant que cet autre, cette image trouble animée d'ondes et de remous, est son apparence, un autre lui-même qu'il ne pourra jamais saisir." Suivant la même logique, l'anthropo-cosmologie serait née du premier regard de l'homme sur un cours d'eau, faisant apparaître simultanément son reflet et le ciel ainsi que les nuages, flottant sur la surface de l'eau. La première vision correspondrait au stade du miroir, où l'enfant est fasciné par son reflet et en oublie le monde environnant. La deuxième vision reflèterait le Réel de l'univers à trois dimensions : terre-homme-ciel, fonctionnant en synchronicité à travers des rythmes et des pulsations comme le montre M. Jousse à travers ses découvertes en anthropologie du geste.

    La recherche astrologique devrait conduire à une investigation anthropologique afin de mieux connaître l'homme dans sa totalité. Les mondes cosmique, minéral, végétal, animal et humain correspondraient aux différents états archaïques faisant partie de l'anthropos ; les rythmes cosmiques se traduisant en rythmes humains, tel que le balancement des bras pendant la marche qui anthropologise l'homme d'après M. Jousse. Pour V. Marc (1988), "Tous ces gestes peuvent être incompréhensibles au regard de l'ethnologue ; ils trouvent leur sens aux yeux de l'anthropologue."

    La carte du ciel serait une image symbolique représentant l'instantané de l'univers au moment de l'apparition d'un être humain sur terre, mais cet instantané astronomique est valable pour tout ce qui naît ici bas, en un lieu et un moment donnés. La carte du ciel serait d'abord la représentation d'une donnée collective, commune aux règnes minéral, végétal, animal et humain, simultanément apparus à un moment particulier du cosmos.

    D'après T. Schwenk, l'horloge individuelle est parfaitement synchrone à l'horloge cosmique : "Par les 18 respirations qu'il accomplit en moyenne à la minute, soit 25 920 en un jour, l'homme est relié au Soleil dont le point équinoxial met 25 920 années à parcourir le zodiaque. Par ailleurs, la respiration de l'homme est au battement de son coeur dans un rapport de 1 à 4, car 18 respirations se font en même temps que 72 battements du coeur. Cette relation numérique ne paraît pas devoir être due au hasard : on la retrouve dans la nature, en dehors de l'homme. Les vitesses de propagation des vibrations sonores sont 4 fois plus grandes dans l'eau que dans l'air, et cette proportion est particulièrement exacte en ce qui concerne l'eau de mer, dont les propriétés ont été si souvent rapprochées de celle du sang humain. Il existe donc un chemin qui part des rythmes macroscopiques, passe par la respiration aérienne de l'homme et aboutit aux pulsations de son sang, en sorte que l'être humain vit entièrement selon les rythmes de l'Univers" (C. Santagostini, 1985).

    Selon M. Jousse la structure de l'homme est sénaire, ou plus exactement triplement bilatérale : la droite et la gauche indiquent l'équilibre entre l'action et la retenue (la main droite qui écrit, la gauche qui retient le papier) ; l'avant et l'arrière : le progrès à l'avant et le passé à l'arrière ; le haut et le bas : l'idéal pour le haut et les instincts pour le bas ; enfin au centre : "l'Homme qui fait le partage (la liberté humaine), "le 7, c'est le grand bilatéralisme enveloppant et centrant." M. Jousse fait état des rythmes binaire, ternaire, quaternaire, sénaire qu'on retrouve à la fois dans la structure du zodiaque et du système solaire (voir lexique) où les planètes sont regroupées deux à deux et forment ainsi trois niveaux centrés sur le Soleil ou sur la Lune selon le système adopté, (2 x 3 = 6 et 6 + 1 = 7).

    En conséquence je pense que les fondements anthropo-cosmologiques de l'astrologie apparaissent clairement. Et même s'ils ne sont pas scientifiquement démontrés, ceux-ci expliquent le développement actuel de l'astrologie pour E. Morin (1982) : "Dans la crise de la modernité s'insère son aspect jusqu'alors immergé, qui est le plus archaïque et le plus fondamental : l'anthropo-cosmologie, qui raccorde le sujet atomisé à un cosmos vivant." L'astrologie renvoie à une vision organiciste ou holistique du monde qui sous-tend une solidarité entre l'homme et toute chose.
 

Le client est-il un idiot culturel ?

    D'après l'Union Rationaliste "les consultants...sont victimes de l'astrologie qui exploite leur crédulité et leur fait accepter les affirmations (prétendues scientifiques) les moins plausibles. Cette méthode leur enseigne à refuser l'objectivité, l'esprit critique, la réflexion personnelle...Il s'agit d'élever des hommes et des femmes au niveau de leur temps...Que leur offrez-vous à cet effet ? Vous leur offrez ce condensé de sottises et de mensonges : l'horoscope..." (E. Morin, 1982).

    Les scientifiques font l'amalgame entre horoscope et astrologie. L'un concerne les rubriques diffusées dans les magazines, l'autre concerne l'étude du thème astral par un astrologue. Dans le premier cas, le public est-il véritablement victime ou considère-t-il cela comme un jeu ? Pour S. Fuzeau Braesch (1989) : "La mise à jour de ce problème par Tyson (1982) et une plus récente publication de Glick et Snyder (1986) permettent, semble-t-il, de conclure néanmoins à un facteur réel de "naïveté" dans l'attitude des lecteurs d'astrologie - naïveté qui assurément ne doit pas être cantonnée à ce seul domaine."

    Dans le deuxième cas, il s'agit de personnes faisant la démarche d'aller consulter un astrologue. Je me suis livré à une petite enquête auprès des consultants et des astrologues à l'occasion du Congrès du 27 et 28 Mars 1993 à Paris, mais aussi pendant les séminaires organisés par Félix et lors de réunions informelles qui se déroulaient le plus souvent dans le bistrot des environs... Bref, il ne m'a pas été difficile de questionner, observer, en tant que membre de la tribu et obtenir à l'issu de mon "tracking" une quantité de notes éparses. Certains témoignages confirment quelques inductions élaborées par les sociologues et je me suis contenté de les juxtaposer aux témoignages, faisant en conséquence de l'"ad hocing."

    J'ai pu questionner une trentaine de personnes ayant consulté au moins une fois un astrologue et huit autres pratiquant elles-mêmes l'astrologie. Les personnes questionnées étaient en majorité des femmes, entre 30 à 40 ans, de classe moyenne et 10 personnes avaient effectué des études supérieures. Je leur ai demandé par exemple ce qui les motive à consulter un astrologue, et inversement j'ai demandé aux astrologues quelles sont les motivations de leur clientèle à venir les consulter. Les réponses données furent intelligentes et sensées, montrant que ces personnes savent très bien ce qu'elles viennent chercher auprès d'un astrologue, aussi je peux dire au nom de la compétence unique qu'il n'y a pas d' "idiot culturel" parmi les personnes que j'ai rencontrées !
 

    Voici le résultat de mon enquête / analyse à propos de la clientèle astrologique:
Le consultant peut avoir besoin que l'astrologue l'aide à mettre des mots, faire des connexions sur un senti : lui procure une ouverture sur une thérapie, une prise de conscience, etc. De plus en plus de personnes viennent consulter un astrologue pour trouver les possibilités et les chemins à suivre pour découvrir leur potentiel créateur :
"Je ne suis pas heureux dans ma vie."
"Comment utiliser ma vie au mieux ?"
"Je suis mal dans ma peau."
"Je ne sais pas ce qui m'intéresse."

    D'autres viennent pour des questions précises, le plus souvent d'ordre sentimental pour les femmes qui constituent la grande majorité de la clientèle. L'astrologie attire bon nombre de personnes, qui trouvent en elle une réponse face à un avenir incertain. Elles veulent être rassurées, avoir la confirmation qu'elles sont sur le bon chemin. Elles ont besoin que leur vie soit objectivée par un tiers, que l'astrologue lui apporte une confirmation de ce qu'il attend ou ressent à propos de certains éléments de sa vie.

    L'astrologue, va décrire le destin de la personne, et avec un peu de psychologie va pouvoir la rassurer sur son avenir. L'opération est réussie, si la personne repart soulagée d'une angoisse ou d'un stress. Mais l'effet pervers en se projetant dans l'avenir est d'oublier de vivre dans le présent. On peut en dire de même en ce qui concerne la description de la personnalité à partir de la lecture du thème natal. Cela peut être utile d'apprendre à se connaître, mais le risque est de rester enfermé dans une description psychologique trop rigide. La majorité des consultants veut être rassurée, connaître l'avenir, mieux se connaître, comprendre le sens de son incarnation. L'intérêt pour l'astrologie peut être analysé comme une fuite du réel, une régression dans un imaginaire, mais cette régression peut parfois avoir des effets positifs. C'est le cas d'une personne utilisant l'astrologie en quête de connaissance d'elle-même, à condition que cette recherche ne soit pas simplement un refuge par défaut de communication avec l'autre.

    Il peut arriver également que la demande explicite cache autre chose. Certaines personnes, pourvues d'un complexe de supériorité attendent implicitement que l'astrologue les confortent dans leur image narcissique : "J'ai déjà consulté un voyant qui m'a trouvé très évolué spirituellement."

    D'autres viennent consulter dans l'espoir de se faire prendre en charge. L'astrologue pourra leur annoncer des lendemains qui chantent sans qu'elles n'aient rien à faire pour cela. Cette position renvoie à des modèles sociaux d'éducation qui concerne des personnes nées dans les années 50 ou 60. Elles sont nées dans une époque de progrès social, économique, où leurs parents leur ont transmis qu'elles n'avaient pas besoin de travailler dur pour vivre, et "s'attendaient à vivre mieux et moins travailler" (A. Duhamel, 1993). Puis avec la crise économique ont surgi les problèmes d'emploi, elles se sont aperçu que les valeurs transmises par leurs parents étaient devenues caduques. Mais elles attendent toujours la bonne fée qui va venir régler tous leurs problèmes d'un coup de baguette magique.
 

La consultation astrologique

    Un peu intrigué, je suis allé consulter Alice, une astrologue que m'avait conseillé Félix. Je commençais à connaître à peu près les bases astrologiques et Félix m'avait déjà fait quelques remarques étonnantes à partir de mon thème à l'occasion de ses cours, mais mon esprit cartésien se rebellait toujours devant ce mode d'approche pour le moins étrange. Je me suis rendu chez Alice dont la "planète" se situe dans le XVIème Arrondissement. Son bureau était orné de gravures ésotériques, un ordinateur trônait au dessus d'un petit meuble, la consultation fut interrompue à deux reprises par la sonnerie du téléphone : "la meilleure période pour vous faire opérer des varices? Attendez je reprends votre thème. Evitez le mois de Mai, le Verseau qui gouverne la circulation veineuse est mal aspecté pendant cette période, par contre en Juin c'est possible, surtout du 10 au 15, vous aurez un bon transit de Jupiter sur votre Vénus." Tiens, me disais-je, cette femme n'est pas capable de sentir son corps pour savoir quand se faire opérer !

    "Vous voulez vendre votre maison ? Cela me paraît compromis pour cette année compte tenu de votre révolution solaire, Uranus est carré au gouverneur du secteur 4, attendez plutôt l'année prochaine." De sa voix chaleureuse, ce gourou des temps modernes rassure, guide, informe ses clients. La consultation se passe comme prévue, j'ai amené une cassette qu'elle glisse dans son appareil d'enregistrement, puis elle me parle de la position de mon Ascendant et de mes planètes en signe, en décrivant au fur et à mesure mes tendances psychologiques : "avec votre conjonction Mercure-Saturne dans le signe de la Vierge, vous avez une méfiance à l'égard du non démontré, pourtant votre Lune en Poissons dans la maison VII vous donne une grande intuition, une ouverture à une dimension transcendante, que vous avez tendance à rejeter, ce qui vous amène à projeter cette dimension sur les autres." D'autres interprétations toutes aussi pertinentes les unes que les autres suivirent concernant les domaines principaux de ma vie, puis elle commenta certains événements de ma vie : "vous avez débuté un cycle de 19 ans en 1971 qui s'est terminé en 1991, c'est le cycle des noeuds Lunaires sur votre Ascendant. Ces deux dates ont marqué un nouveau départ dans votre destinée." En effet l'année 1971 correspond au début de mes études qui m'ont permis d'entrer à l'E.D.F. ; et en 1990 j'ai choisi de refaire des études en m'inscrivant à l'université en sciences de l'éducation. Incroyable mais vrai !

    Suite à ma première expérience de consultant, j'ai demandé à Félix comment il analyse les différentes attitudes de l'astrologue vis à vis de son client. Il m'a répondu que celles-ci dépendent de la manière dont il se représente le monde et que chaque point de vue correspond à un niveau planétaire différent :

- Niveau Saturne : Au niveau Saturne, le chercheur est uniquement intéressé à l'explication des phénomènes et ne pratique pas la consultation qui demanderait une implication de sa part. Dans tous les cas, le possesseur du thème natal n'est pas considéré comme sujet, mais comme objet de curiosité, qui va l'aider à confirmer ou infirmer ses théories.

- Niveau Uranus : Le niveau Uranus, dans son fonctionnement régressif renvoie à la jouissance de la toute puissance de l'enfant roi. L'astrologue ne laisse pas parler son client et l'assène de termes techniques du style : "Vous avez Mars en Scorpion situé dans la maison XII, trigone à votre Jupiter..." Cet astrologue écrase l'autre par un savoir inutilisable, il prétend avoir le savoir sur l'autre et le noie dans une pléthore d'informations qui rend la consultation stérile. Le thème natal est censé refléter la totalité de l'individu (passé, présent et devenir potentiel), il est impensable de donner à quelqu'un la totalité de ce qu'il est. Face à cela, le client peut avoir trois réactions possibles :

- Le refoulement, il se barde de défenses.
- L'incapacité à se défendre, qui peut le conduire en hôpital psychiatrique.
- Idéalisation de l'astrologue, qui a pour conséquence de "passiver" le client qui devient le jouet d'un destin.

    Une telle attitude montre que l'astrologue ne se situe pas comme le lecteur de la carte du ciel, mais comme l'éditeur par identification à l'astrologie : "le ciel c'est moi !" (Ouranos). Une autre attitude nocive est d'essayer de forcer les gens à comprendre les problèmes qui sont les leurs, ce qui est impossible. La position juste de l'astrologue est de parler à l'autre en fonction du moment juste, dans le langage juste de l'autre, en l'aidant à accoucher de son problème.

- Niveau Neptune : A ce niveau, le dialogue n'est toujours pas possible. L'astrologue transmet à son client ses propres croyances et idéologies qu'il pose comme étant la vérité universelle. Le discours est moralisateur et le client repart avec une série de conseils et de bonnes paroles qui ne lui correspondent pas. Autrement dit, l'astrologue projette sa propre forme sur son client. Il veut chercher à faire adhérer le client à sa vision du monde.

- Niveau Pluton : Si au niveau de Neptune, l'astrologue a le sentiment d'avoir une mission à accomplir sur la terre auprès de son prochain, au niveau de Pluton, l'astrologue cherche à être utile, ou à être "utilisable" au mieux par l'autre. A ce niveau, l'astrologie est une explication du monde qui n'est pas réductrice, car elle est basée sur une technique qui repose sur le vivant, par un procédé de changements de points de vues (par exemple, une planète n'a pas la même signification selon le point de vue adopté), c'est un système qui n'est jamais fixe, qui est multidimensionnel, un système à variables multiples toutes connectées.

    Ici, l'astrologue ne se contente pas de faire une description de la personne, de son caractère ; il aborde l'astrologie à un niveau causal : trouver la cause des automatismes ; cette cause est-elle liée à un mal être ? ; quelles sont les clés qui permettent de sortir de ces automatismes ? ; comment la personne peut-elle les utiliser ? A votre avis, à quel niveau planétaire Félix prétend-il se situer ?

    En résumé l'astrologue devrait sélectionner l'information, qu'il transmet à dose homéopathique. Selon la théorie de Winnicott, dans une acception métaphorique, on pourrait dire que l'astrologue présente un morceau du thème que le client va accueillir, manipuler, utiliser et finalement s'approprier, après négociation du sens. L'astrologue devrait revenir à une simplicité de l'information, comme au temps des astrologues qui étaient utilisés par le pouvoir politique : ils donnaient une réponse à une question. Il peut se référer à l'instant présent, responsabiliser les gens, proposer une vision du monde, une cosmogonie, donner un sens à leur difficultés, les comprendre (entendre la difficulté), se relier au passé pour une meilleure compréhension, ouvrir sur le futur en termes d'évolution.

    L'astrologue devrait se poser un certain nombre de questions essentielles :
- Rencontre-t-il des clients en rapport avec sa problématique propre ?
- Est-il obnubilé par tel type de problème ?
- A-t-il suivi une thérapie ou une analyse qui lui permette d'éviter les projections sur ses clients ?
- A-t-il abordé la question du pouvoir lié au savoir, source de jouissance ?
- S'il n'est pas psychothérapeute, qui est-il ?
- Pourquoi a-t-il choisi ce métier ?
En définitive, la position juste de l'astrologue consisterait à ne pas accabler les consultants avec l'annonce de malheurs, ni les flatter, mais les aider à identifier leur "territoire" pour mieux diriger leur destin...ou, du moins, pour l'accepter avec philosophie.
 

L'influence astrale

    La revue "The Humanist" a publié en Septembre 1975 un manifeste contre l'astrologie signé par 186 éminents scientifiques dans laquelle il est dit que les planètes ne peuvent avoir aucun effet sur les êtres humains car les effets gravitationnels sont infinitésimaux. J.C. Pecker (1983) conclut qu'en vertu de cette loi, les tours de la Défense exerceraient plus d'influence sur les Parisiens que la planète Mars. N'est ce pas là un bel exemple d'induction? La loi gravitationnelle, universellement reconnue, interdit-elle de concevoir d'autres influences possibles ? Pour S. Fuzeau Braesch (1992) "...la situation gravitationnelle du système solaire pourrait être moins simple qu'on ne l'admet, ce que donne à penser le travail d'un astronome hollandais (de Graaff, 1990). De plus, la gravitation, bien qu'elle soit la première des forces fondamentales décrites, présente encore bien des inconnues, en particulier au niveau de ses microvariations (Colombani, 1990, auteur polytechnicien)." Quoiqu'il en soit, il semble qu'il faille chercher ailleurs les influences permettant la description d'un déterminisme astral.

    L'astronome anglais, P. Seymour (1988), suppose une influence planétaire sur l'être humain par le biais du champ magnétique terrestre. Cet effet magnétique, pourtant extrêmement faible, pourrait être capté par le système nerveux humain. Les faibles valeurs du magnétisme ont été étudiées par Y. Rocard (1981), ses recherches concernent la sensibilité du sourcier, lequel est capable de déceler une variation de magnétisme de l'ordre du millième de Gauss. Certains astrophysiciens pensent que l'influence des planètes se ferait de manière indirecte par les modifications qu'elles entraînent sur l'activité solaire. Les modifications du rayonnement solaire seraient responsables des "effets" cosmiques. D'autres pensent, comme le biologiste E. Guillé (Ma. Av. 1983), enseignant à l'université de Paris-Sud Orsay, que : "les lois de l'astrologie reposent sur les bases de l'énergétique vibratoire et non au niveau de la matière".

    Certains astrologues se réfèrent à la physique quantique. Ils évoquent la possibilité d'envisager une influence comparable à celle des photons, qui, même séparés de douze mètres l'un de l'autre, constituent un tout inséparable (Aspect et Grangier, 1984). A ce propos, S. Fuzeau-Braesch écrit : "ce qui est certain, c'est que si l'on autorise des physiciens à concevoir aujourd'hui d'éventuelles influences à distance sans support matériel ou énergétique, alors on ne voit plus pourquoi on peut refuser à l'astrologie d'évoquer le même type d'influence entre éléments du ciel et être humain."

    Pour D. Rudhyar (1984), une influence qui nous viendrait "d'en haut" et à laquelle nous serions soumis n'est pas acceptable : "Les étoiles ne nous poussent pas à agir contre notre volonté. Elles disposent librement d'elles-mêmes comme nous disposons librement de nous-mêmes, en ce sens, l'astrologie établit simplement une correspondance holistique entre un rapport synchronique entre macrocosme et microcosme, entre la personnalité universelle que certains appellent "Dieu" et la personne particulière qu'est l'homme. Autrement dit, le cours de la vie se déroule dans le même temps aux plans de l'universel et du particulier."

    Bref, le thème astrologique serait la projection structurelle visible de l'univers dont chacun est une partie, ce qui est une reformulation moderne du texte de Trismégiste : "Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas..." Pour J.Halbronn (1993) : "Il existerait un certain atavisme qui continuerait à sensibiliser l'homme moderne aux positions de certains astres connus de toute Antiquité, déterminant certaines aptitudes sociales et provoquant une cyclicité propre à l'ensemble de l'espèce, non pas que les astres aient par essence la moindre des vertus qu'on leur attribue en astrologie, mais l'homme leur a accordé une fonction et les a en quelque sorte intégrés dans son environnement."

    Je pense que la croyance ancestrale à la mythologie, transmise à travers les arts, la culture, les religions, les superstitions est une explication possible au déterminisme astral au même titre que les autres hypothèses déjà mentionnées. Influences matérielles,énergétiques ou psychiques, la question reste posée et peut se ranger dans le rayon déjà encombré des propositions indécidables !.
 

Histoire de l'astrologie

    Les premières observations astronomiques des Sumériens remonteraient à 5000 ans av .J.C. La dévotion pour les astres et les observations astronomiques se mêlaient dans une pratique religieuse d'essence mythologique. Ce point est caractéristique de ces civilisations mésopotamiennes et, ceci, jusqu'à la chute de l'empire chaldéen au VIème siècle av. J.C. Les Chaldéens croyaient en une unité originelle (l'océan primitif) qui s'était transformée en un monde dialectique où le ciel et la terre se correspondaient. A la chute de l'empire chaldéen, au VIème siècle av. J.C (invasion Perse), les prêtres astrologues se dispersent à travers le monde. Dès cette époque, l'astrologie infiltre en profondeur l'empire Perse et, par cette voie, atteint l'Egypte (à partir du IVème siècle av. J.C) et, plus tard, l'Inde et la Chine.

    Les marchands chaldéens introduisent l'astrologie en Grèce sous Périclès (Vème siècle av. J.C) et l'émigration de prêtres chaldéens suit rapidement. Hérodote (484-425 av. J.C), historien grec disait déjà : "en observant le jour de naissance de quelqu'un, on lui prédit le sort qui l'attend". Platon (427-347 av. J.C), dans la Timée élève l'astrologie au niveau d'une science et son disciple Aristote (384-322 av. J.C) qui sera le précepteur d'Alexandre le Grand, connaît bien l'astrologie chaldéenne. En fait, depuis Hérodote, la plupart des philosophes grecs connaissaient l'astrologie et lui avaient emprunté beaucoup. Mais il faut attendre le chaldéen Bérose (330 av. J.C), historien et astrologue, pour que l'astrologie se propage réellement dans toute la Grèce.

    A l'époque des conquêtes d'Alexandre, l'astrologie diffuse largement de la Macédoine jusqu'à la Perse. De grands noms se succèdent: Aristarque de Samos (320-250 av. J.C) qui propose de placer le soleil au centre du système solaire, Hipparque de Nicée (125 av. J.C) qui découvre la précession des équinoxes. Mais il faudra attendre C. Ptolémée (150 après J.C) pour que l'astrologie se dégage de ses origines mythologiques. Dans Tétrabiblon, Ptolémée se penche sur le problème de la dialectique des échanges entre macrocosme et microcosme et c'est sous le terme de "sympathie" entre corps céleste et terrestre qu'il résume sa doctrine qui restera en vigueur jusqu'à la renaissance. De plus, sa théorie tient compte des conditionnements extra-horoscopiques (éducation, milieu socio-familial, sexe, etc.).

    Chez les Romains, l'astrologie étaient une pratique courante, les astrologues s'appelaient les "chaldéens" et leur pratique étaient tellement populaire (et mercantile) que certains empereurs les ont chassés de Rome. En effet, le déterminisme rigoureux de l'astrologie chaldéenne s'opposait à la conception romaine de la liberté individuelle. Aussi, c'est parmi les stoïciens qu'elle eut le plus de succès. L'astrologie fut répudiée à l'époque romaine pour des raisons politiques et religieuses. La divination était devenue une menace pour le pouvoir politique, comme le fait remarquer R. Guidieri (1974) : "un empereur dont on saurait quand il mourra serait déjà un empereur mort. Personne n'accomplirait son devoir civique, les impôts ne pourraient plus être perçus, tous chercheraient à savoir le nom du futur empereur, les coteries s'organiseraient, la police changerait de camp.. C'est bien pour cela que Septime Sévère n'a pas fait peindre sur le plafond la totalité de son thème zodiacal : n'importe quel astrologue aurait pu prédire la date de sa mort."

    De même, l'astrologie est discréditée par le pouvoir religieux car, nous dit R.Guideri (1974) : "pour les Chrétiens, les faux dieux du paganisme ne peuvent donner que de faux oracles. Le vrai dieu d'Israël donne des prophéties vraies. La différence est au niveau du divin." Et plus loin, il ajoute : "un autre clivage apparaît, il porte sur le rôle joué par l'homme en matière de divination. Dieu n'est pas plus accessible aux humains pour les chrétiens que pour les néoplatoniciens, et la même nostalgie du divin les habite. Même si tenter de connaître la volonté de Dieu n'est qu'une entreprise intellectuellement lamentable aux yeux des néoplatoniciens, elle est coupable et condamnable pour les Chrétiens. Le mortel en effet, s'il imagine pouvoir accéder à ce qui est caché, dépasse son humble condition. Cette audace ne peut lui être inspirée que par le diable."

    L'Islam aussi s'enticha de l'astrologie chaldéenne, puis les astrologues arabes adoptèrent l'astrologie grecque de Ptolémée. A travers l'Islam, l'astrologie diffusa par la Turquie jusqu'à Bagdad et par le Maghreb jusqu'en Espagne et en France. Au Moyen-âge, plusieurs hautes personnalités avaient des astrologues attitrés. Citons : le Pape Sylvestre II (999 -1003), Frédéric II empereur D'Allemagne (1194-1250), Alphonse V de Castille (1252-1284) et Charles V (1337-1380) en France. Dès cette époque, les rois de France de la lignée des Valois et des Bourbons créèrent la charge d'état de "Médecin-Astrologue du roi", transformée au XVIème siècle, en "Astrologue du roi" et supprimée par Louis XIV en 1682. L'attitude de l'église pendant le moyen-âge est particulièrement ambivalente à l'égard de l'astrologie. Saint Thomas D'Aquin (1225-1274) et Roger Bacon (1212-1304) furent de fervents défenseurs de l'astrologie, mais des conciles la condamnèrent car elle ne laissait pas assez de place à la foi. C'est ainsi que Cecco d'Ascoli, astrologue favori de la cour de Florence, fut brûlé pour sorcellerie en 1327.

    Pendant la renaissance, l'astrologie connut les faveurs du pouvoir et des savants, ainsi qu'une grande tolérance de la part de l'église. La famille des Médicis fut particulièrement attentive aux prédictions astrologiques. Citons un exemple : En 1552, Catherine de Médicis, peu après son mariage avec Henri II, fait appel à Luc Gauric alors astrologue du Pape Paul III et lui demande de dresser l'horoscope de son mari. La réponse de Gauric est surprenante. Il demande "d'éviter pour le roi tout combat singulier en champs clos, notamment aux environs de la quarante et unième année, parce qu'à cette époque de sa vie il sera menacé d'une blessure à la tête qui pourrait entraîner rapidement la cécité ou la mort."

    D'autres astrologues réputés : Gassendi, Jérôme Cardan, Gabriel Siméoni consultés à leur tour devant l'étrangeté de cette prédiction, la confirment. En 1555, Nostradamus publie ses premières Centuries et Catherine s'avise de la concordance de l'horoscope de Gauric avec le quatrain I 35 : "Le lyon jeune le vieux surmontera / En champ bellique par singulier duelle / Dans caige d'or les yeux luy crevera / Deux classes une, puis mourir, mort cruelle." Aussitôt elle fait venir Nostradamus à Paris et, en 1556, à la mort de Gauric, lui confie la charge de médecin-astrologue. Le 30 Juin 1559, Henri II est mortellement blessé par le comte de Montgoméry, dans les circonstances prévues par l'astrologue du Pape ; il a quarante ans !

    Parmi les scientifiques de cette époque, il faut citer Kepler (1571-1630) et Galilée (1564-1642), tous deux physiciens mais aussi astrologues. Newton (1643-1723) qui, avec la gravitation universelle, synthétisa les lois de Kepler sur le mouvement des corps célestes et celle de Galilée sur le mouvement des corps terrestres, et s'intéressa à l'astrologie : "il prenait, dit-on, facilement la mouche lorsque ses collègues physiciens s'en gaussaient." Cette période de reconnaissance de l'astrologie se termine avec la mort en 1659 de Morin de Villefranche, professeur de mathématiques au collège de France, qui fut le dernier astrologue d'Etat. Sa disparition est suivie par la création, par Colbert en 1666, de l'académie des sciences qui circonscrit l'astrologie et sa pratique chez les astronomes ; les philosophes affirment que l'âme humaine est toute conscience, la croyance à un être libre naît du sentiment de puissance de l'homme de science "qui sait et peut tout à volonté". Cette disposition d'esprit qui va caractériser d'une certaine manière le siècle des Lumières, ne laisse évidemment aucune place à un quelconque déterminisme astrologique.

    Pendant tout le XVIIIème et XIXème siècle, l'astrologie se réfugie dans les milieux clandestins : spirites, kabbalistes, théosophes. Elle garde cependant une certaine faveur dans les médias, en Allemagne et en Angleterre qui n'ont pas connu de rupture comme dans les autres pays occidentaux. En Angleterre, par exemple, l'Almanach, le Vox Stellarum, en 1863 est tiré à 550 000 exemplaires. Dès le début du XXème siècle, l'astrologie resurgit des milieux occultistes. Elle va se développer alors rapidement au sein d'associations, de congrès et de revues spécialisées et elle va s'enrichir de connaissances nouvelles dans le domaine de la psychologie et dans le domaine des sciences exactes.

    A titre d'exemple on peut citer le cas d'une recherche entreprise à partir de 1926 par la doctoresse L. Kolisko (1932) à l'institut Goetheanum de Dornach en Suisse (extrait de la revue "Astrologie pratique", 1987). Les astrologues et alchimistes attribuaient aux planètes une correspondance avec les métaux : Soleil/or ; Lune/argent ; Mercure/mercure ou vif argent ; Vénus/cuivre ; Mars/fer ; Jupiter/étain ; Saturne/plomb. L. Kolisko eut l'idée de mettre des sels métalliques en relation avec les astres correspondant au moment d'une conjonction (longitude céleste identique) ou d'une occultation (déclinaison et longitude similaire) par le Soleil ou la Lune. Le 21 Novembre 1926 eut lieu une conjonction Soleil-Saturne. L. Kolisko utilisa une solution de nitrate de plomb dont elle imbiba une bande de papier filtrant. La conjonction à 28° Scorpion eut lieu à 17h 53 mn : la figure très sombre obtenue sur le filtre, caractéristique du nitrate de plomb, pâlit soudain au moment même de la conjonction (le Soleil est plus proche de la Terre que Saturne) et ne retrouva sa coloration initiale que le lendemain. Cette expérience fut renouvelée le 10 Juillet 1927 à l'occasion d'une occultation de Saturne par le disque lunaire. Des planches photographiques montrent la disparition et la reformation d'heure en heure du spectre du nitrate de plomb sur le papier filtre. Les renouvellements d'expérience donnèrent confirmation avec la Lune (éclipsée), Mercure, Vénus, Mars et Jupiter.

    En conclusion de ce tour d'horizon historique, nous pouvons constater que l'astrologie s'est alliée successivement au pouvoir religieux, puis au pouvoir politique, enfin au pouvoir philosophique et scientifique. L'histoire nous apprend aussi l'universalité des préoccupations de l'homme pour les astres. Nous retrouvons, en effet, une astrologie pré-colombienne chez les Aztèques et les Mayas, (indépendante de l'astrologie d'origine chaldéenne sur de nombreux points). L'astrologie ne peut donc pas être reléguée au niveau d'une pure fantaisie. Elle est au moins caractéristique de l'évolution de l'humanité.
 

4. Les ambitions de Félix pour une inversion des rôles, conférant à l'astrologie le rôle de lunette cognitive pour regarder le monde et la science : Son regard d'astrologue sur l'analyse institutionnelle

    Cet incroyable Félix voit le monde de la science avec sa lunette astrologique. Il prétend que l'analyse institutionnelle et l'astrologie sont isomorphes. Voyons comment il aboutit à cette conclusion. Le schéma de la structure du système solaire, présenté à la fin du chapitre, met en évidence la position excentrée de Saturne (fonction paternelle par rapport au Soleil : l'enfant roi, centre de l'univers).

    Pour que l'enfant, dès l'âge de un an (cycle de révolution solaire), puisse rester le centre absolu, vis à vis de sa mère, (représentée ici, par la Lune, qui a pour fonction de réfléchir la lumière du Soleil, c'est-à-dire de lui renvoyer en miroir, qu'il est l'enfant roi), il lui faut parvenir à éliminer le frère (Mercure) et la soeur (Vénus), qui s'interposent entre sa mère et lui. Pour cela, il va faire un couplage des planètes de part et d'autre du Soleil, ce qui va correspondre à trois étapes de structuration de la personnalité, de 1 à 3 ans, dont l'analyse institutionnelle s'inspire, pour décrire les trois structures de fonctionnement d'une institution, (R. Hess, 1978).

- 1ère étape : couple Vénus-Mars. La dimension libidinale de l'institution correspondrait au développement sensori-moteur chez l'enfant.
- 2ème étape : couple Mercure-Astéroïdes. La structure idéologique de l'institution trouverait son corrollaire dans l'acquisition du langage chez l'enfant.
- 3ème étape : couple Lune-Jupiter. La structure hiérarchique de l'institution serait en analogie avec la période où l'enfant se positionne dans la hiérarchie familiale.

    Vues de la terre, les planètes Mercure et Vénus sont considérées en astronomie, comme des planètes intérieures, alors que les autres planètes sont extérieures par rapport à la terre. Il en résulte que chaque couple planétaire se voit attribuer une planète intérieure et une planète extérieure. Pour Félix, les planètes extérieures correspondraient à ce qui se voit, à ce qui est montré par l'institution ; en revanche les planètes intérieures indiqueraient les fonctionnements internes, non visibles de l'extérieur, et qui peuvent être mis en évidence par les analyseurs. Ceci va pouvoir être illustré de la manière suivante :

- 1ère étape. Vénus, planète intérieure : Le développement affectif et sensoriel chez l'enfant correspondrait aux relations affectives ou amoureuses dans l'institution.
Mars, planète extérieure : La phase motrice chez l'enfant, sa confrontation avec le monde et les autres, sa recherche d'efficacité s'apparenteraient aux relations fonctionnelles dans l'institution.

- 2ème étape. Mercure, planète intérieure : L'apprentissage du langage chez l'enfant se juxtaposerait à l'idéologie interne, implicite de l'institution. La fonction de Mercure est double (relier par la communication et séparer par l'analyse), il peut donc exister un double langage, par exemple : je dis que je relie, et en fait je sépare.

- 3ème étape. Lune, position intérieure. Chez l'enfant, ce serait la représentation interne qu'il a de lui et qui lui est renvoyée par sa mère (la Lune réfléchit la lumière du Soleil). Dans l'institution, cela correspondrait à la hiérarchie interne, celle qui est renvoyée (réfléchie) par les collègues de travail, selon la compétence ou la position de leader des uns ou des autres. Réfléchie, elle n'apparaît à l'observateur, que s'il pose un regard sur elle ! Jupiter, planète extérieure : Chez l'enfant, à partir de 3 ans, cela corresondrait au stade où il parvient à se situer au sein de sa famille, par rapport à sa lignée; ce qui aurait pour équivalent la hiérarchie officielle dans l'institution.

    Une fois structuré, l'enfant va devoir s'ouvrir sur le monde extérieur, en passant par Saturne. En se référant au schéma suivant, il apparaît que Saturne ne peut pas être centré par le Soleil. De par sa structure astronomique, son rôle est d'empêcher l'individu de pouvoir se centrer vis à vis de l'univers. Il y a toujours dans l'univers environnant un élément dont l'individu n'est pas maître. Saturne représente la confrontation au réel. Saturne-le père confronte l'enfant au fait qu'il n'est pas le roi de l'univers, car l'univers lui résiste. Sa fonction est d'inter-dire, entre l'enfant et la mère, par la médiation de la parole en tant qu'elle est force de loi.

    Le postulat de base de la science, au XVIIème siècle, est qu'il n'y a pas de relation entre l'homme et l'univers. Par conséquent l'université, par carence d'universalité, a réparti les différentes sciences en compartiments étanches, interdisant les relations entre elles Les découvertes scientifiques du XXème siècle ont mis en évidence les limites de ce système, et différentes disciplines, de plus en plus nombreuses, ont commencé à faire apparaître leurs interactions. On peut faire le parallèle entre la mentalité scientifique du XVIIème siècle et l'enfant roi, qui veut croire qu'il peut soumettre l'univers à sa volonté. Dans cette conception, l'université apparaissait comme une enveloppe maternelle protectrice, dans laquelle le Maître enseignait la parole de vérité, jamais contestée. Puis vînt l'époque moderne, qui vit les vérités s'effondrer les unes après les autres, faisant place au doute et à l'incertitude. Une brèche s'est ouverte sur le monde extérieur, où l'enfant roi réalise qu'il va devoir partager son trône. Sa confrontation au monde extérieur va l'amener à sa maturité, à travers les différentes étapes, ponctuées par les planètes extérieures, Saturne, Uranus, Neptune et enfin Pluton. Chaque étape correspondra à des remises en question radicales de son postulat de base.

    Pour Félix, l'astrologie peut être utilisée comme un breaching, à l'aide des planètes qui sont autant d'analyseurs construits dans le but de tester la capacité de transformation d'une institution. L'analyseur est un outil de critique vis à vis de l'institué.
 

Analyseur Saturne : Saturne ouvre des brèches entre les différentes disciplines, pour en étudier les interactions. La multidisciplinarité fait son entrée à l'université, et rejoint de ce fait, le postulat de base de l'astrologie, à savoir que l'homme est relié à l'univers. Une autre fonction de Chronos-Saturne, est celle du temps. L'astrologie s'occupe de l'étude des cycles, elle a toujours intégré la dimension du temps, comme composante essentielle de la compréhension de l'homme et de l'univers. Jusqu'à présent la science avait rejeté ce facteur, jusqu'à ce qu'on se rende compte, en biologie, que les expériences, maintes fois répétées, n'arrivaient pas à donner les mêmes résultats, mais que ceux-ci obéissaient à une loi cyclique (ex : les cycles circadiens). Ce fut la naissance de la chronobiologie : première science expérimentale intégrant la dimension du temps.
 

Analyseur Uranus : En astrologie, la carte du ciel, appelée thème natal, établie aux moment et lieu de naissance d'un enfant, est sensée décrire l'ensemble des potentialités de ce petit être. Elle met ainsi l'accent sur la dimension intérieure, invisible de l'être humain. Uranus correspond en astrologie, au génie créateur de l'individu, c'est ce qui lui appartient en propre et qui fait que chaque individu est unique.

    Qu'en est-il de la science, d'après notre astrologue ? D'après lui, les sciences humaines, dans leur course effrénée vers la reconnaissance de la scientificité de leurs travaux, ont trahi l'homme dans sa réalité vécue. Elles retiennent essentiellement les caractéristiques descriptives et les recherches explicatives. Pour lui, l'énergie créatrice de chaque individu est niée par la même logique, le potentiel non actualisé n'existe pas puisqu'il n'est pas possible de le voir, de le mesurer ou de l'expliquer. Aussi longtemps que nous favoriserons le visible, dit-il, nous n'aurons aucune chance de créer des organisations sociales qui favorisent l'éclosion créatrice encore invisible. Si seule la reproductibilité est scientifique, les recherches sur l'homme ne peuvent qu'être partielles et non représentatives de l'homme dans sa réalité intrinsèque. La grandeur de l'homme réside en sa singularité, son évolution, son aptitude à libérer l'énergie créatrice. Félix termine son terrible réquisitoire en me disant que quelques précurseurs ont oeuvré dans le sens de l'épanouissement de l'individu dans l'institution, ce qui a permis la création de disciplines comme l'analyse institutionnelle, mais que ces tentatives restent très marginalisées.
 

Analyseur Neptune : Jusqu'à Uranus, dont le cycle autour du zodiaque est de 84 ans, l'homme avait la possibilité "d'expérimenter" chaque planète dans la totalité de son cycle. Avec Neptune, dont la révolution zodiacale est de 164 ans, et Pluton de deux siècles et demi, l'homme est obligé de reconnaître qu'il participe à des rythmes qui le dépassent. Le long terme est lié à l'espèce, la morale, la religion. Pour Félix, la science ne peut exister en tant que science pure, car d'après lui, elle ne s'occupe que du court terme. Ce qui intéresse la science, n'est pas tellement la recherche, mais plutôt le côté utilitaire, opérationnel. G. Bachelard, dans ses travaux en épistémologie, a démystifié la science à ce niveau là.

    Il faudra toujours l'équivalent d'une religion, car l'homme a toujours une dimension long terme, qu'on ne pourra pas étouffer. L'astrologie, sous cet aspect, est inacceptable pour l'institution universitaire, car elle montre qu'on ne pourra jamais tout expliquer, il y aura toujours une dimension qui nous dépasse. A ce niveau, nous abordons la fonction de base de l'astrologie qui est de donner un sens d'ordre et de déroulement rythmique harmonieux aux êtres humains. Elle donne du sens à la vie, par le sentiment d'appartenance à un plan cosmique.
 

Analyseur Pluton : Avec Pluton, nous arrivons aux confins de la périphérie du système solaire. C'est le déviant du groupe planétaire, il est en marge de la société. Il détruit les schèmes, les grilles, mais n'a pas besoin d'en mettre d'autres à la place. Si avec Neptune, la vie a un sens, ce n'est pas le cas pour Pluton. Pour Neptune, l'univers est harmonique, pour Pluton, l'univers est chaotique. Avec Neptune, il y a la croyance dans une vérité universelle ; avec Pluton il y a des vérités locales et changeantes selon les points de vue adoptés. C'est l'analyseur par excellence, celui qui détruit toutes les certitudes et met le doute à la place, qui oblige le lâcher-prise.

    L'astrologie, à travers la dimension Plutonienne, nous enseigne la tolérance dans la relation à l'autre, par la compréhension de sa différence. Pour notre astrologue, le défi posé à l'institution universitaire dans cet ordre d'idée est d'accepter la confrontation idéologique et d'admettre qu'il existe certaines théories suffisamment riches, pour créer de nouvelles attitudes humanistes, de nouvelles méthodologies, de nouvelles techniques dans les sciences humaines. Le défi posé est d'être un centre à l'écoute de la limite périphérique, qui joue un rôle d'intermédiaire entre l'intérieur et l'extérieur de l'institution.

    Pour Félix, le parallèle entre le système solaire et le système institutionnel de l'université, nous amène à la représentation suivante : Saturne, par son principe de réalité rappelle les sciences exactes, Uranus, par son principe d'individuation renvoie à la psychologie, Neptune, par son ouverture au collectif se rapporte aux sciences sociales, à l'histoire, la philosophie, et la religion, Pluton, dans son principe de déviance fait penser à la psychanalyse, la socianalyse, l'ethnologie, l'analyse institutionnelle.

    A ce stade d'analyse il faudrait rappeler à Félix l'axiome de non induction cher à l'ethnométhodologie, en effet on peut objecter que sa liste n'est ni exhaustive, ni forcément exacte. On peut imaginer par exemple que la psychanalyse enseignée reflète l'idéologie dominante de l'institution, auquel cas il faudrait la ranger au même niveau que la psychologie ; ou bien encore il serait souhaitable que la philosophie soit enseignée de façon déviante par rapport à l'idéologie dominante, ce qui nous amènerait à la mettre au même rang que l'ethnologie ou l'analyse institutionnelle.

    Félix va même jusqu'à étendre son système au niveau d'un Département : Chaque Département possède une structure interne de fonctionnement, et peut s'assimiler à une micro-institution dans l'institution, de sorte que l'institution peut également être comparée à une galaxie. Le centre de la galaxie est représenté par l'institution elle-même et les différents Départements à des systèmes solaires ou à des étoiles.

    Exemple du Département en Sciences de l'Education. La définition des planètes proches du Soleil reste inchangée, il s'agit du fonctionnement interne du Département. Les différentes disciplines pourraient se ranger en quatre grands groupes :
- Groupe Saturne : technologie de l'éducation, approches statistiques.
- Groupe Uranus : psychologie, pédagogie et éducation
- Groupe Neptune : sociologie, politique de l'éducation.
- Groupe Pluton : ethnométhodologie, ethnographie et éducation, psychanalyse et éducation, anthropologie culturelle de l'éducation, analyse institutionnelle, socianalyse, éthique et éducation.
 

Conclusion

    Avant d'effectuer mon voyage dans le village des astrologues, je m'attendais à y trouver quelques grands prêtres d'une religion ésotérique imprégnée de mystique divinatoire. Au lieu de cela j'ai rencontré des personnes sérieuses et sincères qui, contrairement à bon nombre de devins érigeaient en système de pensée l'astrologie en l'appliquant à différentes disciplines. J'ai trouvé une subtilité et une complexité non soupçonnées au départ, qui contrastent de manière radicale avec les horoscopes des journaux féminins ou les émissions radiophoniques de Madame Soleil. J'ai rencontré des scientifiques éminents qui contestent l'astrologie et d'autres, non moins éminents, qui la défendent. J'ai côtoyé un public sympathisant de l'astrologie, s'orientant soit vers une astrologie populaire soit vers une astrologie savante selon son appartenance aux différentes catégories socio-culturelles. J'ai pu apprécier une astrologie poétique, vécue, vivante à travers les exemples de personnages célèbres.

    L'astrologie a une cohérence qui renforce l'envie d'y croire et elle peut avoir un rôle thérapeutique si toutefois la personne ne perd pas de vue que qu'elle se projette dans les mythes. Si elle est d'un tempérament rêveur, ou si elle a des problèmes, elle peut s'échapper dans un système de mythes et utiliser ce système comme support pour se trouver comme d'autres se trouvent à travers des personnes, des cultures, des religions. Cela lui permet de sortir de son "pré carré", de l'endroit où elle se maintient dans sa réserve.

    Je terminerai ce voyage par une citation de G. Lapassade (1986) : "...dans l'idée "d'indexicalité", il y a l'idée d'une impossibilité radicale d'achever une analyse." Cette infinitude des indexicalités met en évidence le fait qu'il ne sera jamais possible de faire une analyse entièrement exhaustive du monde irrémédiablement étrange des astrologues. Certaines motivations qui amènent une personne à s'intéresser à l'astrologie resteront à jamais muettes aux sondages et aux statistiques car chaque individu est unique dans sa diversité et sa complexité. La symbolique planétaire ne livrera jamais tous ses secrets car elle est, pour l'astrologue, le reflet d'une âme humaine.

    De plus, une post-analyse du présent mémoire révélerait sans doute des omissions, des incomplétudes et des erreurs ; post-analyse qui pourrait d'ailleurs être reconduite à l'infini ! Aujourd'hui je peux dire que ce voyage m'a radicalement transformé en m'apportant une vision neuve des astrologues et de leur art.
 
 

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1ère partie

2ème partie (début)



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Hubert Brun: Astrologie et Ethnométhodologie 3/3
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