La mythologie égyptienne me fascine depuis un demi-siècle : aux âges de onze, douze et treize ans, je restais des heures à méditer aux Antiquités égyptiennes du Louvre, et j'y retournais dimanche après dimanche, toujours dans les mêmes salles, souvent seul et immobilisé, debout face au scribe accroupi. Vingt ans après je retrouvais sur place, et surtout à Karnak, ce climat mystérieux de pérennité, d'absoluïté, de perfection ultime. A l'air libre ou sous terre, aux temples et aux tombeaux, je décelais une esthétique formelle et parachevée, voire animée, où plastique et calligraphie s'harmonisaient, où la statuaire, l'image et le texte formaient des entités signifiantes et vivantes.
L'Égypte antique est le pays des dieux : toute vie sociale et culturelle s'organise autour d'eux ; ils sont le suc de la vie, les gardiens de la mort et le sel de l'après-vie. Les dieux égyptiens étaient originellement des dieux locaux, associés aux forces et entités de la nature, protecteurs de l'existence et des activités humaines. Chacun des 38 nomes ou circonscriptions de l'Ancien et du Moyen Empire (qui deviendront 42 au Nouvel Empire), ainsi que chaque métropole ou ville importante, avaient le sien. Au cours des siècles, les dieux se métamorphosèrent et prirent des formes multiples et changeantes, tels des caméléons. Ils s'associèrent ou s'absorbèrent en accaparant les attributs de dieux voisins ou concurrents, si bien qu'il est devenu difficile d'y percevoir une organisation ou une cohérence d'ensemble.
Aperçu des nomes égyptiens de Haute et Basse Égypte (dieux et lieux de culte)
# Nom du Nome Traduction du Nom Nom grec de la Ville Dieux, Déesses h 01 Ta-Sety L'Arc Elephantine (Assouan) KHNOUM, Isis, Anuket, Satet Philae ISIS, Hathor h 02 Ouetest-Hor Le Trône d'Horus Apollinopolis (Edfou) Horus, Nephtys h 03 Nekhen La Forteresse Hierakonpolis HORUS, Nekhbet Nekheb (El Kab) Nekhbet, Thot, Mout Latopolis (Esna) Khnoum, Menhit, Heka h 04 Ouaset Le Sceptre Thèbes (Karnak) AMON, Mout, Khonsou Hermonthis Montou h 05 Netjeroui Les deux Faucons Coptos Isis, Min Ombos SETH h 06 Iounit Le Crocodile Tenthyris (Denderah) Hathor, Isis h 07 Bât Le Sistre Diospolis Parva Hathor h 08 Ta-Our La Grande Terre Thinis Anhour, Osiris Abydos OSIRIS, Isis, Horus h 09 Minou La Foudre de Min Panopolis MIN h 10 Ouadjet Le Cobra Antaeopolis Seth, Hathor h 11 Shay Nome de Seth Hypselis SETH h 12 Djoufet La Vipère de la Montagne Hierakon Khnoum h 13 Nedjefet Khentet Le Sycomore du Sud Lycopolis (Assiout) Anubis, Oupouaout h 14 Nedjefet Pehet Le Sycomore du Nord Cusae Hathor Amarna ATON, Rê h 15 Ounet Le Lièvre Hermopolis Magna THOT, Maât h 16 Ma-Hedj L'Oryx Theodosiopolis Pakhet, Horus h 17 Inpou Le Chacal Cynopolis ANUBIS h 18 Anty Le Faucon aux ailes déployées Ankhyronpolis Sekhmet h 19 Ouabouy Les deux Sceptres Oxyrhynchos Seth h 20 Nart Khentet Le Laurier rose du Sud Herakleopolis Harsafes, Khonsou h 21 Nart Pehet Le Laurier rose du Nord Crocodilopolis SOBEK, Hathor, Khonsou h 22 Mednit Le Couteau Aphroditopolis HATHOR b 01 Inb Hedj Le Mur blanc Memphis PTAH, Sekhmet, Nefertoum b 02 Douaou La Cuisse Letopolis Horus, Sekhmet b 03 Imenty L'Occident Apis Hathor, Sekhmet b 04 Nit Resy Le Bouclier du Sud Prosopis Sobek, Isis, Amon Naucratis Horus, Neith b 05 Nit Mehet Le Bouclier du Nord Saïs NEITH b 06 Khasou Le Taureau de la Montagne Xoïs Amon, Shou, Tefnout Bouto Ouadjet b 07 Houy-ges Imenti Le Harpon occidental Metelis Horus b 08 Houy-ges Iabti Le Harpon oriental Pithom Atoum b 09 Andjety Nome d'Andjety Busiris Andjety, Osiris b 10 Kem Our Le Taureau noir Athribis Kemour, Horus b 11 Kem Heseb Le Taureau à bandelettes Leontopolis Maahes, Ptah, Bastet Nai-ta-Hout Shou, Tefnout b 12 Djeb Neter Le Veau divin Sebennytos Onouris, Shou, Isis b 13 Heq Adj Le Pilier Héliopolis ATOUM, RÊ, Khepri, Mnevis b 14 Khent Iabti La Pointe Orientale Sethois Horus b 15 Khehour L'Ibis Hermopolis Parva Thot (Hermès Trismégiste) b 16 Djehour Le Dauphin Mendès Osiris, Banebdjed, Hatmehit b 17 Behedet Le Trône Diospolis Magna Horus, Amon b 18 Imou Khenty L'Enfant royal du Sud Bubastis BASTET b 19 Imou Pehou L'Enfant royal du Nord Tanis Amon, Mout, Seth b 20 Sepdjou Nome de Soped Phakusa Soped
Les prêtres et théologiens de Memphis et d'Héliopolis furent les premiers philosophes de l'Antiquité. Ils ont tenté d'assembler les entités divines en des ensembles cohérents, d'organiser leurs relations, notamment en des panthéons ennéadiques pilotés par une divinité majeure (Atoum, Rê, Ptah, Thot). La mythologie égyptienne est dans sa totalité d'inspiration solaire : des plus anciens dieux de la fertilité des périodes prédynastique et thinite (cf. Annexe 1) jusqu'au culte éphémère d'Aton sous Akhenaton (18e dynastie, Nouvel Empire), en passant par ceux d'Atoum (5e dynastie, Ancien Empire) et d'Amon (11e dynastie, Moyen Empire), tous identifiés à Rê ou Râ, la personnification divine du soleil.
La grande ennéade d'Héliopolis (la cité du soleil pour les Grecs ; Iounou en égyptien, le pilier ou la ville du pilier ; située au nord du Caire), datant de la Ve dynastie (c.2500-2350), rassemblait autour d'Atoum auto-créé, ses enfants Chou et Tefnout (façonnés à partir de Noun, l'océan primodial), ses petit-enfants Geb et Nout, et leurs enfants Seth, Nephtys, Osiris et Isis. C'est la première tentative concluante d'organisation théologico-cosmogonique. Une petite ennéade, syncrétisée ultérieurement, rassemblait autour de Rê, les dieux Thot, Horus, Maât, Anubis, et les quatre fils d'Horus.
Mais dans une séquence antérieure datant de la période thinite et dans laquelle Thot apparaît comme grand comptable des temps et organisateur du calendrier, les 4 enfants de Geb et Nout, auxquels s'est joint Horus dit l'Ancien (Heru-Ur, en grec Haroeris), auraient été successivement mis au monde lors des cinq jours épagomènes dans cet ordre : Osiris, Horus, Seth, Isis, Nephtys.
L'ennéade de Memphis (située au sud du Caire) qui serait antérieure à celle d'Héliopolis d'après la pierre de Chabaka, mais dont la datation du texte originel est disputée (3e dynastie ?), rassemblait autour de Ptah ses 8 émanations parmi lesquelles figuraient Horus et Thot, Tatenen et Atoum, et peut-être Geb, Seth, Osiris et Isis.
L'ennéade élaborée à Hermopolis (la ville d'Hermès pour les Grecs), plus conceptuelle et métaphysique, rassemblait les éléments primordiaux, antérieurs à la formation du soleil et à l'apparition de son verbe divin Thot. Les 4 couples sexués (dont les mâles avaient têtes de grenouilles et les femelles têtes de serpents) étaient Noun et Nounet (l'océan primordial, le chaos initial), Heh et Hehet (l'espace infini), Kek et Keket (l'obscurité, les ténèbres) et Nya et Nyat (l'inconnaissable, l'indéfinissable, l'insaisissable) ultérieurement remplacés par Amon et Amonet. Les philosophes milésiens (Thalès, Anaximène, Anaximandre) ont bâti leurs philosophies respectives sur trois de ces principes universels, sans qu'aucun d'entre eux, physiciens et non mystiques, n'ait opté pour les ténèbres.
A Abydos, une "ennéade" plus tardive figure sur une stèle découverte par Auguste Mariette et datant de la 18e dynastie (Thoutmôsis Ier, ca. 1500) : elle rassemble autour d'Osiris, quatre dieux dédoublés : Khnoum, Thot, Horus et Oupouaout.
Plus tardivement et à partir du Nouvel Empire, faute de consensus théologique, les dieux furent regroupés en triades familiales (père, mère, fils) à l'exception des deux dernières :
Je relève, dignes de figurer au panthéon astrologique, deux séries de divinités majeures parmi la multitude de dieux, déesses et personnifications d'éléments naturels ou conceptuels qui se sont succédés, multipliés, associés et absorbés au cours de plus de trois millénaires dans un pays, hors déserts, qui ne fut pas plus étendu que la Bretagne actuelle :
- à Thèbes (Karnak): Amon, Mout, Khonsou
- à Abydos : Osiris, Isis, Horus
- à Memphis : Ptah, Sekhmet, Nefertoum
- à Crocodilopolis (Kôm-Ombo) : Sobek, Hathor, Khonsou
- à Latopolis : Khnoum, Menhit, Heka
- à Leontopolis : Bastet, Ptah, Maahes
- à Apollinopolis (Edfou) : Horus, Hathor, Harsomtous
- à Héliopolis : Khepri | Rê | Atoum
- à Éléphantine : Khnoum, Anuket & Satet
1- Amon, Anubis, Hathor, Horus, Isis, Maât, Nout, Osiris, Ptah, Sekhmet, Seth, Thot
2- Atoum, Bastet, Geb, Khnoum, Khonsou, Neith, Nephtys, Rê, Shou, Sobek, Taouret, Tefnout
La plupart des dieux sont représentés debout et tenant dans leur main gauche le sceptre royal ouas et dans leur droite la croix de vie ânkh. La moitié d'entre eux ont tête ou corps d'animal. Cette assimilation des ordres animal, humain et divin est spécifique à la théologie égyptienne et lui confère une dimension unique, étrangère à nos mentalités indo-européenne ou judéo-chrétienne. L'animal, expression parfaite du vivant et non reliquat bestial primitif, apparaît comme le symbole d'une fonction vivante essentielle dont l'espèce humaine a hérité au cours de son évolution. C'est en tant que l'homme se rapproche de l'animal, voire du végétal qu'il accède au divin ! Le vivant est un abri ou un refuge immuable face aux brouhahas de l'agitation citadine, aux bonimentations des idéologues, à la production forcenée de gadgets et d'artefacts inutiles, voire à la fabrication de monstruosités machiniques et transhumaines.
Spécificités des divinités principales :
- Amon (Amun), "le Caché" ou "l'Inconnaissable", le dieu solaire aux noms multiples, à l'origine un dieu mineur de la fertilité, n'accédant à la supématie à Thèbes qu'à la XIe dynastie, associé à Rê et à Min, époux de Mout et père de Khonsou dans la triade thébaine, assimilé à Zeus par les Grecs
- Anubis, dieu de la mort et juge des défunts, procédant à la pesée du coeur, à l'embaumement et la momification, représenté avec une tête de chien ou de chacal, fils adultérin d'Osiris et de Nephtys, parfois rapproché de Cerbère par les Grecs
- Atoum (Atum), "L'Indifférencié", le créateur solitaire, maître et principe de la lumière associé au soleil Rê, démiurge autocréé sorti de Noun (l'océan primordial) qui engendre le premier couple sexué de sa semence dans la cosmogonie héliopolitaine, parfois associé à Iusaaset (Saosis) "La grand-mère des dieux", représenté coiffé de la double couronne de la Haute et de la Basse-Égypte
- Bastet (Bast), déesse à tête de chatte, vénérée à Bubastis, protectrice des femmes enceintes et des enfants, déesse populaire de la féminité et de la maternité, aussi de la musique et de la danse, fille de Rê et soeur de la déesse Sekhmet, devient une déesse lunaire assimilée à Artémis par Hérodote
- Geb, étymologiquement proche de la Gaïa grecque, dieu de la terre, de la végétation et des minéraux, fils de Shou, frère jumeau et époux de Nout dans l'ennéade d'Héliopolis, représenté coiffé de l'oie céleste Gengen Wer
- Hathor, "La demeure d'Horus" et l'oeil de Rê, déesse-mère de la féminité, de l'amour et de la joie, des festivités et de l'ivresse, reprend les fonctions de la déesse prédynastique Bat (la vache céleste allaitant les dieux), de la vache céleste Mehet-Weret, et de la vache Heset (la déesse de la bière), représentée par une femme à tête de vache, fille de Rê et épouse d'Horus dit Horus l'Ancien, assimilée à Aphrodite par les Grecs
- Horus, "Le Lointain", dieu très ancien incarnant la royauté et l'impassibilité, fils et vengeur de son père Osiris dans le récit héliopolitain, représenté par un faucon ou par un homme à tête de faucon, assimilé à Apollon par Hérodote
- Isis, dont le nom Aset ou Eset signifie "Celle qui trône", déesse mère de la résurrection des morts et protectrice de la vie qui deviendra la déesse suprême du panthéon égyptien, l'une des deux filles de Geb et Nout, soeur et épouse d'Osiris, mère d'Horus, assimilée à Déméter par Hérodote, encore vénérée en Europe jusqu'au VIe siècle
- Khnoum (Khenmu, Khnum), "le maître de l'eau fraîche", dieu populaire des cataractes du Nil, originaire de Nubie et représenté avec une tête de bélier, protecteur des potiers et des sculpteurs, à l'origine modeleur des humains, époux de Satet et d'Anuket dans la triade d'Éléphantine (Nouvel Empire), parfois rapproché de Poséidon par les Grecs
- Khonsou (Khonsu), "Le Voyageur", dieu lunaire successeur de Iah (Yah) dans cette fonction, représenté sous forme d'un adolescent momifié portant une tresse et coiffé du disque lunaire sur un croissant de lune, fils d'Amon et de Mout dans la triade thébaine
- Maât (Maat, Ma'at), déesse de l'ordre et de l'harmonie du monde, de l'équité et de la vérité, fille de Rê, épouse de Thot à Hermopolis, représentée coiffée d'une plume d'Autruche
- Neith (Neit), déesse primordiale d'origine libyenne, d'abord guerrière et munie d'un arc, vénérée à Saïs dans le delta, créatrice de l'univers et gardienne de son bon fonctionnement, déesse de la sagesse assimilée par les Grecs à Athena
- Nephtys, "La "Gardienne de l'enceinte du Temple", déesse des ténèbres, protectrice des morts, et des magiciens et devins, représentée coiffée d'une maison, l'une des deux filles de Geb et Nout, soeur et épouse de Seth, amante d'Osiris et mère d'Anubis, assimilée à Léto par Hérodote
- Nout (Nut), "le Ciel", déesse des astres et du firmament, personnification de la voûte céleste, représentée par une femme arquée au corps étoilé, fille de Shou et soeur jumelle et épouse de Geb dans l'ennéade d'Héliopolis
- Osiris, "L'oeil puissant", à l'origine dieu des cultures et de la fertilité, puis dieu de l'au-delà protecteur de la mort et de la résurrection, garant de la la vie éternelle, l'aîné de Geb et Nout, frère et époux d'Isis et père d'Horus, assassiné par son frère Seth puis ressuscité, vénéré à Abydos et représenté par un homme momifié à la peau verte, assimilé à Dionysos par Hérodote
- Ptah, le démiurge créateur, dieu des artisans, forgerons, architectes et sculpteurs, époux de Neith puis de Sekhmet dans la triade de Memphis, représenté par un barbu momifié tenant le sceptre Ouas à deux mains, assimilé à Héphaïstos par les Grecs
- Rê (Re, Ra, Râ), personnification divine du soleil, dieu de la vie, puissance cosmique de l'univers et créateur de tous les êtres en les arrachant au Noun (l'océan primordial), associé à Atoum dans la cosmogonie héliopolitaine puis à Amon dans le modèle thébain, assimilé à Helios par les Grecs
- Sekhmet, "La Puissante", déesse guerrière de la destruction, des fléaux et de la guérison, représentée avec une tête de lionne, aussi dite l'oeil de Rê et la déesse lointaine dans la séquence du même nom, fille de Rê, épouse de Ptah dans la triade memphite
- Seth (Set), "Le grand de force" ou "L'instigateur de la confusion", dieu guerrier à la fois protecteur et destructeur, maître du désert, du tonnerre et des intempéries, l'un des deux fils de Geb et Nout, frère et époux de Nephtys, représenté avec une tête de chacal, de lévrier ou d'oryctérope, assimilé par les Grecs au titan Typhon
- Shou (Chou, Shu), "Le Vide", aussi "celui qui se lève ou qui soulève le ciel", dieu de l'air et des vents incarnant la stabilité et le principe sec et aérien, fils d'Atoum formant avec sa soeur jumelle Tefnout le premier couple sexué dans l'ennéade d'Héliopolis, représenté coiffé d'une plume d'autruche symbolisant son nom ou parfois de quatre plumes droites, assimilé par les Grecs à Agathos Daimon
- Sobek (Sebek), dieu populaire de la fertilité et des récoltes, à tête de crocodile, fils de la déesse aquatique Neith et souvent associé à Hathor, parfois rapproché de Chronos par les Grecs
- Taouret (Taweret, en grec Toueris, Thouëris), "La grande", déesse populaire de la fécondité à tête et corps d'hippopotame, protectrice de l'accouchement et de la maternité, proche des déesses hippopotame Ammout et Opet, épouse de Bes et parfois de Seth
- Tefnout (Tefnut, Tefnet), "le Ciel humide", déesse des eaux et des pluies incarnant le changement et le principe d'humidité, représentée avec une tête de lionne portant le disque solaire, fille d'Atoum formant avec son frère jumeau Shou le premier couple sexué dans l'ennéade d'Héliopolis
- Thot (Thoth), le dieu qui mesure et calcule les cycles temporels, le maître du calendrier, à l'origine un dieu lunaire fils de Rê, vénéré à Hermopolis, dieu du langage, de l'écriture et du savoir, médiateur et messager des dieux, représenté par un homme à tête d'ibis ou par un babouin, assimilé à Hermès par les Grecs
Présentation sommaire d'autres divinités importantes :
- Amentet (Amenet), déesse accueillant les morts dans l'au-delà avec de la nourriture et des boissons, fille d'Hathor et d'Horus, épouse du divin passeur bourru Hraf-Hef
- Ammout (Ammut, Ammit), "Dévoreuse d'âmes", déesse dévorant le coeur des morts jugés indignes de vivre dans l'au-delà lors de la pesée, représentée avec un corps d'hippopotame, une tête de crocodile et des pattes avant de léopard
- Amset (Imset, Imsety), l'un des 4 fils d'Horus, génie funéraire à tête humaine sur les vases canopes, siégeant au sud, protecteur du foie du défunt
- Anhour (Anhur, An-Her, en grec Onouris), dieu de la guerre et de la chasse, protecteur de l'armée égyptienne, fils de Rê parfois associé au dieu Shou, époux de la déesse lunaire Mehit (Meyht), assimilé à Arès par les Grecs
- Anouket (Anuket, Anqet, en grec Anoukis), "celle qui enlace", déesse régulatrice des crues du Nil, fille de Rê, deuxième épouse de Khnoum dans la triade d'Éléphantine (Nouvel Empire), parfois représentée avec une tête de gazelle
- Apep (en grec Apophis), dieu de l'obscurité, du chaos et de la destruction, menaçant le soleil Rê, représenté par un serpent géant incarnant les forces maléfiques, à l'opposé de Mehen, le serpent protecteur qui le combat, assimilé à Python par les Grecs
- Apis (en grec ; Hap, Hep, Hepu), le taureau sacré prédynastique successeur de Mnevis (Nem-Wer), vénéré à Memphis, garant et symbole de la force physique, de la fertilité et de la puissance sexuelle, représenté au Nouvel Empire par un homme à tête de taureau dont les cornes enserrent le disque solaire, traditionnellement associé à Ptah
- Aton (Aten), le disque solaire divinisé, élevé au rang de dieu unique sous le règne éphémère d'Amenhotep IV alias Akhenaton (ca.1350)
- Bes (Bès, Bisu), génie populaire tardif (Nouvel Empire) d'origine soudannaise, devenu dieu de la fertilité et protecteur bienveillant du foyer, actif contre les forces néfastes et les esprits malfaisants, époux de Taouret, représenté sous la forme d'un nain barbu aux jambes courtes et arquées
- Douamoutef (Duamutef), l'un des 4 fils d'Horus, génie funéraire à tête de chacal sur les vases canopes, siégeant à l'est, protecteur de l'estomac du défunt
- Hapi (Hâpi), l'un des 4 fils d'Horus, génie funéraire à tête de babouin sur les vases canopes, siégeant au nord, protecteur des poumons du défunt
- Hâpy (Hapi), personnification du Nil, dieu duel et androgyne (Hâpy-Meht et Hâpy-Reset) représenté par un homme à mamelles et au ventre proéminent, protecteur des crues et de la fertilisation des sols
- Hatmehit (Hatmehyt), déesse des poissons vénérée dans la région de Mendès, représentée coiffée d'une couronne surmontée d'un poisson, épouse du dieu bélier Banebdjed
- Heka, dieu incréé de la magie et de la médecine, personnification du pouvoir sous-jacent au coeur (Sia) et à son expression par la parole (Hu), ultérieurement considéré comme le fils de Khnoum et de la déesse guerrière Menhit dans la triade de Latopolis, assimilé à Asclépios par les Grecs
- Heqet (Heket), déesse protectrice à tête de grenouille, originaire d'Antinoupolis, épouse du dieu Khnoum
- Heryshaf (Hershef, en grec Harsaphes), "Celui qui est né sur le lac", ancien dieu de la fertilité représenté comme un homme à tête de bélier coiffé de la couronne solaire, associé et absorbé par Atoum-Rê et Osiris, assimilé à Héraclès par les Grecs
- Kebehsenouf (Qebehsenuef), l'un des 4 fils d'Horus, génie funéraire à tête de faucon sur les vases canopes, siégeant à l'ouest, protecteur des intestins du défunt
- Khepri (Khépri, Kheper, Khepra), le scarabée sacré, représenté par un homme à tête de scarabée, symbolisant le devenir (kheper) et le soleil levant, uni à Rê ou Rê-Horakhty (le soleil culminant) et à Atoum (le soleil couchant) à Héliopolis
- Maahes (en grec Mysis ou Miysis), dieu de la guerre à tête de lion, successeur de Sekhmet au Nouvel Empire, d'origine nubienne, fils de Ptah et de Bastet
- Mafdet (Mefdet), "Celle qui court", déesse de la vitesse et de la justice expéditive, protectrice contre les morsures, la plus ancienne déité féline, représentée comme une femme à tête de chat, de léopard ou de lynx
- Meretseger (Mertseger), "Celle qui aime le silence", déesse tardive (Nouvel Empire) à tête de cobra, protectrice des ouvriers de Deir el-Médineh, près de Thèbes
- Meskhenet, ancienne déesse protectrice de l'accouchement, modéliste du ka (âme) du nouveau-né et protectrice de son destin, assimilée par Hathor et représentée coiffée d'une brique d'accouchement
- Min, ancien dieu ithyphallique de la fertilité et de la reproduction, prédécesseur d'Osiris en tant que premier époux d'Isis et père d'Horus
- Montou (Montu), "Le nomade", dieu guerrier à tête de faucon, protecteur des armées, finalement absorbé par Horus
- Mout (Mut), "La mère", déesse primitive de la féminité, épouse d'Amon et mère de Khonsou dans la triade thébaine, parfois rapprochée de Héra par les Grecs
- Nefertoum (Néfertem, Nefertem), dieu des fleurs et des parfums, de la résurrection et de l'immortalité, d'abord considéré comme un aspect d'Atoum, avant de figurer comme le fils de Ptah et de Sekhmet dans la triade de Memphis
- Nekhbet, déesse protectrice de la Haute-Égypte et de la royauté du Sud avant l'unification (capitale Hierakonpolis), associée à Ouadjet puis assimilée à Mout (Moyen Empire), représentée par un vautour aux ailes déployées
- Opet (Apet, Ipy), déesse mère protectrice de la maternité, représentée par une hippopotame, assimilée par Taouret
- Ouadjet (Wadjet, Wadjit), "Le vert papyrus", déesse protectrice de la Basse-Égypte et de la royauté du Nord avant l'unification (capitale Bouto), associée à Nekhbet, protectrice de la magie, représentée par un cobra dressé, fille de Rê et soeur de Nekhbet, ou parfois fille d'Anubis et épouse d'Hâpy-Meht
- Oupouaout (Wepwawet, Wepuaut), "L'Éclaireur" ou L'Ouvreur des voies", très ancien dieu guerrier d'origine prédynastique, représenté par un chacal ou par un chien sauvage
- Ourethéqaou (Werethekau), "Grande de magie", déesse protectrice à tête de lionne, associée aux rites de couronnement au Nouvel Empire, parfois associée à Ouadjet ou à Isis
- Renenoutet (Renenutet, Renenet), "Le serpent nourricier", déesse populaire à tête de cobra, protectrice des récoltes et des vendanges, patronne des tisserands
- Sah, dieu astral fondateur, personnification de la constellation d'Orion, associé à Sopdet
- Satet (en grec Satis), "Celle qui répand", déesse gardienne des cataractes du Nil, représentée coiffée de deux cornes d'antilope, fille de Rê, première épouse de Khnoum dans la triade d'Éléphantine (Nouvel Empire)
- Seker (Sokar, en grec Sokaris), "Celui qui nettoie la bouche", dieu agricole protecteur de Memphis, représenté comme un homme momifié à tête de faucon opérant à la séparation du "ba" et du "ka" (cf. Annexe 5) et à la libération de l'âme, associé à Ptah puis à Osiris
- Serket (Serqet, Selket, en grec Selkis), "Celle qui fait respirer", déesse protectrice contre le venin et des piqûres animales, patronne des médecins, guérisseurs et sorciers, associée à Neith, Isis et Nephthys pour veiller sur les quatre fils d'Horus, représentée coiffée d'un scorpion
- Seshat, "Celle qui écrit", déesse de l'écriture, des mesures et de l'architecture, protectrice des scribes et des bibliothèques, à la fois soeur et fille de Thot dont elle anticipe les fonctions (Nouvel Empire), représentée par une femme vêtue d'une peau de panthère ou de léopard
- Sopdet (Sepedet, en grec Sothis), déesse astral, personnification de l'étoile Sirius, représentée avec une étoile à cinq branches sur la tête
- Sopdou (Sopdu, Soped), dieu faucon de l'est, représentant la chaleur étouffante de l'été, fils de Sah et de Sopdet, époux d'une fille de Rê, la déesse cobra Khensit
- Tatenen, "La Terre qui émerge", dieu des forces terrestres et souterraines, protecteur des forgerons
Une grande partie de ces 64 divinités entretiennent entre elles des relations de parenté précises. Le tableau de la généalogie des dieux égyptiens rassemble les organisations diverses, pour certaines assez tardives, élaborées au cours des siècles et millénaires dans les diverses villes capitales des nomes. Je complète la légende en haut à gauche par quelques indications : aux encadrés ou cartouches sur fonds bleu clair et saumon les dieux et déesses des fameuses ennéade d'Héliopolis (Ancien Empire) et triade de Thèbes (Moyen Empire), sur fonds jaune et vert grisé les fils et filles de Râ ou Rê et leurs conjoints associés, sur fonds rose et violet les autres dieux et déesses, et en bleu les noms des divinités associées à l'ennéade de Memphis. Entre les cartouches et en bleu les noms des villes à l'origine des triades divines.
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L'Égypte antique fut un pays de métreurs et d'architectes, non un pays d'observateurs et d'astronomes, ce qui éloigne leurs dieux et déesses de leurs équivalents babyloniens. Par ailleurs toute la mythologie égyptienne est de sensibilité solaire, alors que la grecque est d'inspiration jupitérienne, ce qui fait que les Grecs ont effectué des assimilations pour la plupart erronées de leurs dieux avec les netjer (ou neter) égyptiens (cf. Annexe 3). Ainsi ni la Mésopotamie ni la Grèce ne sont d'aucun secours pour restituer ce que seraient les fonctions astrologiques des dieux égyptiens.
S'il fallait s'en tenir à des analogies formelles et superficielles par les représentations animales, on pourrait accepter les correspondances suivantes : au Bélier Khnoum, au Taureau Apis ou encore Mnevis, aux Gémeaux Shou et Tefnout, au Cancer Khepri le scarabée sacré, au Lion Maahes, à la Vierge Neith, à la Balance Anubis qui procède à la pesée du coeur du défunt, au Scorpion Serket, au Verseau Hâpi le dieu du Nil et de ses crues, et aux Poissons Hatmehit. Cependant seule la pensée matricielle, imprégnée de l'univers égyptien, peut conduire à une compréhension astrologique des divinités égyptiennes.
Atoum est le démiurge et le grand dieu solaire de l'ennéade héliopolitaine ; il incarne et représente le Soleil.
Hathor, la déesse-mère par excellence, est d'essence lunaire.
Isis, l'autre déesse incarnant la féminité, est vénusienne, comme le rapporte Pline.
Avec Atoum, elles forment la triade astrologique estivale : Cancer/Lune/Hathor, Lion/Soleil/Atoum, Vierge/Vénus/Isis.
Horus incarne la royauté. Les rois d'Égypte étaient désignés par leur nom d'Horus dès l'époque prédynastique (cf. Annexe 4). Il illustre la planète Jupiter.
Seth incarne l'énergie brute, positive ou négative, protectrice ou destructrice selon les circonstances. Mars est son équivalent astrologique.
Amon est un dieu plus tardif (Moyen Empire) qui incarne la puissance cachée. Comme Atoum, c'est un démiurge. Il est de nature uranienne.
Ces trois dieux forment la triade astrologique printanière : Bélier/Mars/Seth, Taureau/Uranus/Amon, Gémeaux/Jupiter/Horus.
Osiris est le dieu ressuscité qui représente la vie éternelle. Son équivalent astrologique est Neptune.
Anubis est le dieu de la mort. Il incarne la fonction plutonienne.
Ptah est un démiurge que j'assimile à Chiron.
Ces trois dieux forment la triade astrologique automnale : Balance/Neptune/Osiris, Scorpion/Pluton/Anubis, Sagittaire/Chiron/Ptah.
Thot est le dieu du langage et de l'écriture. Il est d'essence mercurienne.
Maât est la déesse de l'équité et de la vérité. Elle est d'essence saturnienne.
Nephtys est une déesse discrète, gardienne et assistante des autres dieux. Cérès est sa planète.
Thot et ces deux déesses forment la triade astrologique hivernale : Capricorne/Saturne/Maât, Verseau/Mercure/Thot, Poissons/Cérès/Nephtys
Atoum et Thot, aux centres estival et hivernal du zodiaque, sont chacun épaulés par deux déesses. Les 4 enfants de Geb et Nout dans l'ennéade héliopolitaine résident de part et d'autre de l'axe équinoxial.
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Shou, "celui qui se lève ou qui soulève le ciel", incarne l'Ascendant.
Tefnout, sa soeur, est son complémentaire ; elle incarne le Descendant.
Shou et Tefnout sont représentés comme les deux divinités qui personnifient l'horizon, séparant le ciel de la terre, ou parfois sous la forme de deux lions se tournant le dos et supportant le soleil.
Nout est la déesse céleste ; elle incarne le Milieu du Ciel.
Geb est le dieu terrestre ; il incarne le Fond du Ciel.
Ainsi les quatre enfants et petits-enfants d'Atoum figurent aux 4 Angles du ciel astrologique : Shou/AS, Nout/MC, Tefnout/DS, Geb/FC.
Restent les 8 dieux et déesses des 8 Maisons spécifiques. Neith, la mère du Soleil, trône au plus haut du ciel en maison III. Elle est entourée de part et d'autre (en maisons II et IV) de son fils Rê et de sa petite-fille Sekhmet qui tous deux portent le disque solaire. Au levant le crocodile Sobek en maison I ; au couchant l'hippopotame Touaret en maison V. Au plus bas du ciel en maison VII, Khnoum le potier qui façonne les hommes, associé à la Terre Geb. Il est entouré sur sa gauche en maison VIII de Khonsou le dieu lunaire et sur sa droite en maison VI de Bastet la déesse chatte. Les déesses occupent la partie droite de la figure ; les dieux la partie gauche. Les épouses de Ptah, les soeurs félines Sekhmet et Bastet, encadrent le couchant à l'ouest ; Rê et Khonsou, les dieux solaire et lunaire, encadrent le levant.
Les tableaux qui suivent sont à l'octave de mes Maîtrises zodiacales et sectorielles, et de leurs correspondances avec les couleurs.
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Annexe 1 : Périodes de l'histoire égyptienne (de durées approximatives, variables selon les égyptologues)
- 3550-3050 Période prédynastique
- 3050-2650 Période thinite, capitale Thinis près d'Abydos (dynasties 1-2)
- 2650-2150 ANCIEN EMPIRE, CAPITALE MEMPHIS (DYNASTIES 3-6)
- 2150-2065 1e période intermédiaire (dynasties 7-11)
- 2065-1700 MOYEN EMPIRE, CAPITALE THÈBES (DYNASTIES 11-12)
- 1700-1550 2e période intermédiaire, les Hyksôs, capitale Avaris (dynasties 13-17)
- 1550-1070 NOUVEL EMPIRE, CAPITALES AMARNA ET PI-RAMSÈS (DYNASTIES 18-20)
- 1070-660 3e période intermédiaire, capitale Tanis (dynasties 21-24)
- 660-332 Basse époque (dynasties 25-30)
Annexe 2 : Alphabet phonético-hiéroglyphique de l'Égyptien
Le tableau qui suit rassemble les 24 signes unilitères classiques de l'alphabet égyptien auxquels s'ajoutent quelques autres qui en sont des variations communes. En 1e colonne le hiéroglyphe, en 2e colonne l'objet, la partie du corps ou l'animal représenté, en 3e colonne son phonème associé (translitération phonétique), en 4e colonne la prononciation et parfois la transcription (toutes deux conventionnelles) du hiéroglyphe, et en colonne 5 son repérage dans la classification en 26 catégories d'Alan Henderson Gardiner (1879-1963) issue de sa Grammaire égyptienne (1927), et en dernière colonne le code HTML des graphèmes inusités (&*#541; sans étoile pour ȝ) et le code clavier du hiéroglyphe dans ma police de caractères ASTREGYPT, laquelle regroupe les symboles astrologiques usuels ainsi que les graphèmes de l'alphabet hiéroglyphique dans les deux sens de lecture. A compléter par le millier de hiéroglyphes unilitères, bilitères et trilitères, détaillés dans le Projet Rosette initié par Vincent Euverte (+ mai 2018).
En raison de leur nombre commun (24), une mise en parallèle des signes alphabétiques et des opérateurs astrologiques (signes zodiacaux, maisons, angles) est tentante. Shou, coiffé de la plume d'autruche, serait associé au roseau fleuri, et les autres dieux angulaires aux 3 autres semi-voyelles. Les dieux des maisons VII, VIII, I et II seraient associés aux 4 consonnes aspirées et les déesses des maisons III à VI aux 4 dentales. Enfin les dieux des quartes printanière, estivale, automnale et hivernale gouverneraient respectivement les sifflantes, les labiales, les gutturales et les nasales (i.e. Maât et la chouette, Neith et le filet d'eau, Thot et la bouche).
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Annexe 3 : Principales assimilations des dieux égyptiens par les Grecs
- Amon ↔ Zeus
- Anhour ↔ Arès
- Anubis ↔ Cerbère
- Anuke ↔ Hestia
- Apep ↔ Python
- Bastet ↔ Artemis
- Hathor ↔ Aphrodite
- Heka ↔ Asclépios
- Heryshaf ↔ Héraclès
- Horus ↔ Apollon
- Isis ↔ Déméter
- Khnoum ↔ Poséidon
- Mout ↔ Héra
- Neith ↔ Athena
- Nephthys ↔ Léto
- Osiris ↔ Dionysos
- Ptah ↔ Hephaïstos
- Rê ↔ Hélios
- Seth ↔ Typhon
- Sobek ↔ Chronos
- Thot ↔ Hermès
Annexe 4 : Les 5 noms des rois égyptiens (Titulature royale)
A l'époque prédynastique, il n'existait que le nom d'Horus qui était celui de la royauté. Puis apparurent les noms de Nebty et de Nesout-bity (1e dynastie), auxquels furent adjoints le nom d'Horus d'or (3e dynastie) et finalement le nom de naissance (4e dynastie). A partir de la 5e dynastie (c. 2500), les 5 noms figuraient dans un ordre immuable dans la titulature : Horus, Nebty, Hor Noubt, Nesout-bity, Sa-Rê. Le Nesout-bity qui était le nom du couronnement, fut privilégié à partir du Moyen Empire : il symbolisait l'incarnation éphémère et mortelle du souverain au sein d'une institution immuable et juste (Maât).
Ainsi Ramsès II (1304-1213), 3e roi de la 19e dynastie (1279-1213), le pharaon aux 12 femmes (dont 4 de ses filles et sa petite fille Henoutimrê), 200 concubines et 110 enfants attestés, avait pour noms :
- Nom d'Horus (royauté)
- Nom de Nebty (des 2 maîtresses de la royauté Nekhbet et Ouadjet, incarnant la Haute et la Basse Égypte)
- Nom d'Horus d'or (Hor Noubt) : royauté solaire
- Nom de Roi ou Nesout-bity (du jonc et de l'abeille, symboles de la Haute et de la Basse Égypte)
- Nom de Sa-Rê (fils de Rê) ou nom de naissance (nomen)
(pour plus de détails sur la titulature et les cartouches du Louis XIV égyptien, cf. Antikforever, Ramsès II)
- Nom d'Horus : Horus Kanekhet Merimaât Nebheboused Mitef Ptahtatenen (Horus taureau victorieux, aimé de Maât, maître des fêtes Sed comme son père Ptah-Tatenen)
- Nom de Nebty : Nebty Makkemet Ouâfkhasout (Nebty protecteur de l'Égypte, qui lie les pays étrangers)
- Nom d'Horus d'or : Bik Nebou Ouserrenpout Âanakhtou (Le Faucon d'or, riche en années et grand de ses victoires)
- Nom de Roi : Ousermaâtrê Setepenrê (La justice de Rê est puissante, L'élu de Rê)
- Noms de naissance : Ramesisou Mériamon ou Sesou Mériamon (Le Dieu Rê l'a créé, Bien aimé d'Amon)
Annexe 5 : Les 8 composantes de l'être vivant
Les Égyptiens distinguaient quatre composantes de l'être dans le monde concret et visible, et quatre autres dans le monde spirituel. Le corps, le mental, le nom et l'ombre nous sont plus ou moins familiers. Mais les quatre composantes invisibles (KA, AKH, BA et SAH) qui forment une autre tétrade répliquant la première sur un plan spirituel, recoupent assez mal ce que l'on désigne ou entend par "âme" ou "psyché". Je n'ai pas rencontré d'explication véritablement compréhensive de ces entités dans aucune de mes lectures réelles ou virtuelles : on devra donc considérer l'organisation présentée ici comme mon interprétation.
- ẖt (DJET ou CHET) : le corps physique, l'enveloppe charnelle individuelle
- ỉb (IB) : "le coeur", siège de l'activité créatrice et de la personnalité, de la conscience et de la mémoire (le mental)
- rn (REN) : le nom, marque de la fonction et de l'identité de l'être incarné, et trace de son passage sur terre
- šwt (SHOUT) : l'ombre, l'apparence formelle du corps physique et sa doublure en tant que reflet solaire
- kȝ (KA) : l'énergie vitale supra-individuelle, le souffle animateur du vivant, équivalent spirituel du corps physique (le corps vital)
- ȝḫ (AKH) : la lumière divine et transcendantale, l'esprit sublimé qui unit le Ka et le Ba en chacun (le corps lumineux)
- bȝ (BA) : le principe spirituel immortel de transformation, le réservoir de puissance individualisante propre à chacun (le corps astral)
- sˁḥ (SAH, SÂHOU) : le double spirituel tel qu'il apparaît dans les rêves et la magie (le corps onirique)
formation DJET KA animation IB AKH réalisation REN BA projection SHOUT SAH
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Annexe 6 : Sources, webographie
- Sur les divinités égyptiennes, cf. le site de Joël Guilleux (mars 1957 - nov 2016) : Antikforever Divinités, aussi intéressant pour les Dynasties, pour les Titulatures royales et les Généalogies royales.
- Les meilleures références bibliographiques, toujours sur le même site, et aussi une bibliographie détaillée des égyptologues.
- Sur ces mêmes sujets, cf. aussi le site Narmer du polonais Dariusz Sitek.
- Sur l'écriture et la langue égyptienne, cf. l'incontournable projet Rosette : Hiéroglyphes, Dictionnaire, et aussi sur les Nomes et d'autres matières.
- Un dictionnaire bivalent de termes usuels est à consulter sur le site belge de Bastet.
- Pour les Tombes et Mastabas, cf. le site Osirisnet de Thierry Benderitter.
- Pour une bonne introduction sur papier à l'univers égyptien, cf. Isha Schwaller de Lubicz (née Jeanne Germain, 1885-1963), Her-Bak "disciple" de la sagesse égyptienne, Flammarion, 1956 ; 1961.
- Enfin quelques animations de visites virtuelles aux adresses matterport : les tombes de Ramsès VI (20e dynastie), du vizir Mehou (6e dynastie), de la reine Meresânkh III (4e dynastie), de Menna à Thèbes (18e dynastie), ou encore de Wahty (5e dynastie).
Louxor, 26 juin 2020
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Bibliographie
Retour Nostradamica
Accueil CURA
Patrice Guinard: Les fonctions astrologiques des dieux égyptiens
http://cura.free.fr/2015/2006egy.html
26-06-2020 ; updated 30-09-2020
© 2020 Patrice Guinard