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La Queste et le Zodiaque:
La mission de Galaad et la symbolique astrologique
par Charles Ridoux



"Cil qui n'art, il ne brulle mie." (Queste del Saint Graal)

     Pour qui se hasarde, à la suite des héros arthuriens, dans les dédales de la Forêt aventureuse que constituent les textes relatifs à la légende du Graal, il peut être utile et éclairant de chercher son chemin en regardant vers le haut, dans la contemplation du ciel étoilé. La richesse symbolique qui s'exprime dans les valeurs attribuées par l'astrologie traditionnelle aux douze signes du Zodiaque est inépuisable [1] . L'application de cette symbolique astrologique à l'étude des textes littéraires nous a valu, de la part de Jean Richer, de belles analyses sur Nerval ou Hugo [2] . Dans le champ des études médiévales, cette approche a inspiré à P.-G. Sansonetti une étude sur la Table Ronde organisée autour de la centralité polaire qu'incarne le roi Arthur [3] ; c'est autour des axes constitués deux à deux par les signes du Zodiaque que s'articule un livre récent de Ph. Lavenu, postfacé par le regretté J.-Ch. Payen [4] . Nous voudrions tenter à notre tour d'examiner sous cet angle quelques aspects de la mission de Galaad dans la Queste del Saint Graal[5] .

     L'opposition entre "chevalerie terrienne" et "chevalerie célestielle", chacun le sait, est fondamentale dans la Queste et court déjà tout au long de cette préparation à la Queste qu'est l'Agravain[6] . Or, nous trouvons dans l'astrologie traditionnelle une répartition analogue des quatre éléments (Air, Terre, Eau, Feu) en deux séries, terrestre et céleste [7] . Les éléments Terre et Eau constituent la série terrestre, caractérisée par une polarité féminine, matricielle et matérielle; à l'inverse une polarité masculine, active et spirituelle est constituée par les éléments Feu et Air. Cette double polarité recoupe ainsi celle qu'établit, sur le plan métaphysique, René Guénon entre "essence" et "substance" (ou, selon les termes de la tradition hindoue, "Purusha" et "Prakriti" [8] . A l'intérieur de chaque polarité, on distingue trois axes, formés chacun par un couple de signes à la fois complémentaires et opposés : les axes Lion-Verseau, Bélier-Balance et Sagittaire-Gémeaux dans la polarité solaire; les axes Vierge-Poissons, Capricorne-Cancer et Taureau-Scorpion dans la polarité lunaire. C'est à la lumière des valeurs symboliques que l'astrologie attribue traditionnellement à ces signes et à ces axes que nous nous proposons d'examiner certains aspects de la mission de Galaad, l'élu de la Quête dans le cycle du Lancelot-Graal.
 

L'AXE LION-VERSEAU

     L'axe Lion-Verseau nous paraît être, dans la Queste , l'axe majeur qui constitue Galaad, en tant qu'élu de la Quête, comme Roi. Le signe du Lion, dans lequel le Soleil est en trône, est celui où rayonne dans toute sa plénitude solaire le principe de la royauté. C'est ainsi que l'image du Lion de Juda, qui figure dans le calendrier égyptien [9] , désigne, dans les Ecritures, la royauté du Christ [10] .

     Le Graal est figuré doublement dans ce premier axe. D'une part, le Verseau, dont le maître est Uranus, se rattache au mythe de Ganymède, l'échanson - le Verse-eau - des dieux [11] . Cette eau, le nectar, symbolise la Connaissance et accompagne l'ambroisie, la nourriture d'immortalité [12] . Le nom d'Uranus renvoie, au-delà même de l'Ouranos (Ciel) de la mythologie grecque, au Feu originel dont procèdent toutes choses : le sanscrit Uranah (Feu originel) désigne le signe du Bélier (Arneios en grec, Aries en latin) qui, dans le Zodiaque, symbolise l'impulsion créatrice [13] . L'urne du Verseau transmute en lumière l'énergie de ce Feu primordial; elle évoque par son nom le terme de Saint Vessel qui désigne fréquemment le Graal, aussi bien chez Robert de Boron [14]  que dans la Queste[15] .

     D'autre part, outre la symbolique uranienne du Verseau qui évoque à la fois le contenant (le Vase) et le contenu (Feu originel, nourriture d'immortalité), le Soleil et le signe du Lion, dans la mesure où leur symbolique renvoie également à celle du coeur et du sang, évoquent le Graal sous un autre aspect : celui de réceptacle du sang du Christ, thème introduit dans la légende dès le Joseph de Robert de Boron. Ici encore, comme cela est remarquablement présenté dans la revue Hamsa - avec de multiples développements ésotériques qui dépassent le cadre de notre article [16]  - on retrouve la complémentarité entre le signe du Lion, en correspondance avec le coeur et ses pulsations, et celui du Verseau, auquel se rattache la circulation sanguine. Ainsi, avec cet axe Lion-Verseau, le thème du Graal entre en résonance avec la double thématique, étroitement complémentaire, du Christ-Roi et du Sacré-Coeur, laquelle, au-delà de sa dimension religieuse, exotérique [17] , comporte des prolongements ésotériques de grande importance [18] .

      Sur le terrain plus spécifique de l'interprétation littéraire, cette thématique du coeur et du sang peut éclairer les rapports qui existent entre Galaad et la soeur de Perceval. Celle-ci nous apparaît comme la parèdre de l'élu de la Quête, comme le double féminin du Bon Chevalier. C'est elle qui lui ceint l'Epée aux étranges renges et lui confère, de ce fait, la plénitude de la chevalerie (à l'image de la reine Guenièvre de qui Lancelot tenait son épée et le rang de "meilleur chevalier du monde"). Galaad se voue à elle comme, jadis, Lancelot à la reine : "Damoisele, fet Galaad, vos en avez tant fet que je en seré vostre chevaliers a toz jorz mes" [19] . Sans entrer ici dans une étude détaillée de l'épisode du Château de la Lépreuse [20] , qui fait intervenir une composante plutonienne avec le thème de la lèpre, c'est-à-dire d'un pourrissement, d'une putréfaction de la chair - et de l'âme, nous avons le sentiment que le sacrifice volontaire de la soeur de Perceval, son don du sang, est comme une condition pour que s'établisse, par la suite, la royauté de Galaad à Sarras : le signe en est qu'à l'instant précis où les trois héros de la Quête vont débarquer à Sarras avec la table du Graal, arrive à leur côté la nef où a été déposé le corps embaumé de la soeur de Perceval [21] . On peut d'ailleurs envisager l'hypothèse que le sacrifice de la soeur de Perceval, vierge comme l'est son époux mystique, est un substitut à un sacrifice de Galaad lui-même, figure allégorique du Christ. Enfin, lors du parachèvement de son investiture chevaleresque par la remise de l'Epée aux étranges renges, Galaad apprend de la soeur de Perceval que le fourreau de cette épée porte un nom, qui est "Mémoire de sang" [22] . Citons, pour conclure sur ce point, l'interprétation qu'en donne G. Carlsen : "Que le sang soit porteur de l'Esprit, une très belle image symbolique nous en est donnée par les légendes du Graal, où le Fourreau de l'Epée porte le nom de "Mémoire du Sang". Par delà l'anecdote, il faut voir dans l'Epée le symbole de l'Esprit, et dans le Fourreau (qui a été taillé dans le bois de l'"Arbre de Vie") la "mémoire collective" originelle contenue par le sang humain. Avec l'Epée et le Fourreau on retrouve également l'image de l'Energie passant dans la colonne vertébrale (kundalini)" [23] .

     La royauté de Galaad est certes bien différente de celle de Parzival à Montsalvatche chez Wolfram von Eschenbach [24] . S'il y a bien, dans la Queste , une lignée des gardiens du Graal, lignée royale qui réside à Corbenic, il n'y a pas de véritable royauté du Graal [25] , et encore moins l'idée d'une sorte de communauté templière au service du Graal comme c'est le cas dans la tradition germanique. L'évocation de la royauté de Galaad à Sarras tient un un paragraphe [26] , et Galaad est fait roi par les habitants de la cité contraint et forcé, à la mort du cruel roi païen Escorant. Dans la perspective d'une lecture typologique, telle que l'a si bien pratiquée P. Matarasso [27] , le thème de la royauté de Galaad était une nécessité s'inscrivant dans le cadre de l'analogie entre Galaad et le Christ; la réduction de cette royauté dans le temps (elle ne dure qu'un an et reste sans descendance) répond à l'idée que le Royaume du Christ n'est pas de ce monde; enfin, jusque dans les plus hauts honneurs, Galaad témoigne de la vertu qui, dans l'échelle des valeurs de la Queste , apparaît comme la plus éminente : l'humilité [28] ; il immole, en effet, sa propre volonté en acceptant des charges et des honneurs auxquels il répugne, au détriment d'une vie de contemplation solitaire [29] . Dans l'optique de la symbolique astrologique, on peut dire que la polarité solaire, dans son aspect de volonté d'affirmation de l'individu, qui peut tourner à la tyrannie et à l'orgueil, défauts du Lion, s'efface au profit de la polarité ouranienne du Verseau, véhicule des valeurs de fraternité universelle [30]  et de royauté céleste.

     En présentant Galaad comme le dernier rejeton de la lignée des gardiens du Graal [31]  et comme l'ultime descendant de David et de Salomon [32] , la Queste souligne l'achèvement d'un cycle, celui des Gardiens du Graal en terre occidentale. Mais en faisant coïncider ce que Myrrha Lot-Borodine a justement appelé l'assomption de Galaad [33]  avec la remontée au ciel du Graal (et de la Lance), la Queste suggère comme le rétablissement, autour du Graal, d'une royauté céleste, spirituelle. N'est-ce pas ce que laisse entendre E. Baumgartner lorsque, évoquant le mouvement de translation du Graal d'Occident vers l'Orient - mouvement inverse de celui qui l'avait amené, au temps de Joseph d'Arimathie, de Terre Sainte en Grande-Bretagne - elle conclut en montrant que ce retrait, si douloureux soit-il pour la terre de Logres et pour le royaume d'Arthur, est en même temps un retour aux sources, plein des promesses spirituelles que saint Bernard exaltait dans sa louange de l'Ordre du Temple : "Là s'achèvent la route et la quête, en ce lieu originel où une autre race de chevaliers naît à une autre vie, quelque part à l'Est d'Eden" [34] ?

     A côté de ce mouvement horizontal qui dépossède les héritiers indignes [35]  de la terre de Logres, le mouvement vertical qui enlève le Graal vers le ciel apparaît de prime abord comme un arrachement encore plus marqué, un retrait encore plus radical. Un tel retrait marque, selon René Guénon [36] , la perte de la Tradition primordiale, autrement dite de celle de l'Age d'Or, telle qu'elle était conservée dans le centre spirituel secondaire qui régit les destinées d'un peuple ou d'une civilisation. La disparition du Graal signifie ainsi la résorption d'un centre spirituel secondaire propre à l'Occident chrétien médiéval dans le centre suprême, secret et invisible, mais qui conserve ce qui fonde l'unité essentielle de toutes les traditions - unité manifestée notamment au travers des symboles. Mais R. Guénon précise que "cette tradition est plutôt cachée que perdue" [37]  : "Il est dit que le Graal ne fut plus vu comme auparavant, mais il n'est pas dit que personne ne le vit plus; certes, en principe tout au moins, il est toujours présent pour ceux qui sont "qualifiés" [38] . Aussi pouvons-nous entrevoir, au travers de cette présence potentielle du Graal, le thème de sa remontée au ciel sous un autre angle : non plus seulement comme un abandon, dû à la dégénérescence cyclique [39] , mais également comme un ressourcement ouranien préparant le passage à un nouveau cycle évolutif. C'est de ce côté certainement qu'il faudrait rechercher la raison de la résurgence, depuis la fin du siècle dernier, du mythe du Graal, après son occultation dans la culture de la Renaissance et de l'Age classique, et de son succès actuel - pas toujours de bon aloi - tant en littérature qu'au cinéma.

     De même que l'Ascension du Christ est nécessaire pour que l'Esprit-Saint puisse descendre à la Pentecôte [40] , instaurant alors le temps de l'attente d'un Second Avènement, de même la remontée mythique du Graal et son ressourcement ouranien peuvent s'interpréter comme une promesse de temps nouveau. L'axe Lion-Verseau indique dans cette perspective le passage d'un Soleil unique à la vaste communauté de Soleils que constitue le Ciel (Ouranos). Cela ne signifie pas l'abolition de la royauté solaire, mais sa transformation, possible et nécessaire, par son intégration dans une dimension supérieure. Ne peut-on pas voir dans ce message la raison de la nécessité du retour de Bohort à la cour d'Arthur ? Mais le monde arthurien, nous le savons par sa fin catastrophique dans la Mort Artu , ne comprendra pas l'appel à la mutation, à la métanoia[41] , que signifiait pour lui la grâce insigne de la manifestation du Graal à la Table Ronde, le jour de la Pentecôte, "454 ans enprès la Passion Jhesuscrist" [42]

     C'est à Sarras, entre Jérusalem et Babylone [43] , que Galaad règne, au "palés esperitel" [44] . Les deux noms, celui du palais et celui de la ville, renvoient une fois encore au passage d'une royauté solaire à une royauté ouranienne. Le palais est, en effet, l'une des désignations - à côté de mots communs tels que "ville, citadelle ou temple", ou de noms propres comme "Tula, Luz, Salem" - de ce centre suprême où est conservée la Tradition primordiale et où se replie le Graal [45] . Quant au nom de Sarras, il nous semble qu'on peut le rapprocher de la racine sur, qui désigne la lumière et dont dérive le nom sanscrit du Soleil, Sûryâ, le nom de Syrie servant à son tour à désigner cette "Terre Sainte" où réside le centre suprême : "Il s'agit donc de cette Syrie primitive dont Homère parle comme d'une île située "au-delà d'Ogygie", ce qui l'identifie à la Tula hyperboréenne, et "où sont les révolutions du Soleil". D'après Josèphe, la capitale de ce pays s'appelait Héliopolis, "ville du Soleil", nom donné ensuite à la ville d'Egypte appelée aussi On, de même que Thèbes aurait été tout d'abord un des noms de la capitale d'Ogygie" [46] . Cette remontée vers la lumière primordiale nous fait passer de l'axe solaire - avec sa trajectoire sur l'axe horizontal Orient-Occident - à un axe polaire, vertical et ouranien, qui renvoie à l'origine hyperboréenne de la Tradition primordiale, comme l'exprime la figure de l'Apollon hyperboréen dans la mythologie grecque. On comprend alors pourquoi la Queste présente le retrait du Graal en deux temps : d'abord son retour en Orient, à Sarras, puis son enlèvement au ciel; la première étape consiste en la réintégration de son centre sur un axe solaire, horizontal et la seconde étape représente la remontée vers le centre sur l'axe polaire, hiérarchiquement supérieur à l'axe solaire [47] . La thématique d'une primordialité hyperboréenne venant disqualifier la royauté arthurienne - sore, mais "terrienne" - au profit d'une royauté ouranienne - "célestielle" - s'exprime également par l'équivalence entre le grec Ouranos et le sanscrit Varuna, qui désignent tous deux le ciel, la racine var signifiant "couvrir, protéger, cacher". Or cette racine var correspond, dans les langues germaniques, à la racine bor, que l'on retrouvé dans "Borée" ou dans le mot allemand "Bär" (l'ours). La racine var désignant, en sanscrit, le sanglier, R. Guénon montre les liens entre l'Hyperborée et le Vârâhî, ou "terre du sanglier" de la tradition hindoue, qui désignent tous deux le centre spirituel primordial [48] .

     Dans cette perspective, le "palés esperitel" de Sarras nous apparaît, au croisement des deux axes horizontal et vertical, comme le coeur où s'opère la transmutation du principe solaire en principe ouranien. Et il n'est pas sans évoquer, par son qualificatif d'"esperitel", le fameux palais de verre décrit par Tristan dans la Folie Tristan d'Oxford [49] . A Sarras - située entre Jérusalem et Babylone, autrement dit entre ciel et terre, ou encore entre royauté solaire arthurienne et royauté ouranienne primordiale - s'opère, par la vertu transmutatrice du Graal dans le "palés esperitel", la jonction entre la tradition celtique de l'Ile de Verre (qui se retrouve dans le nom de "Glastonbury") et la tradition johannique de la Jérusalem céleste, présentée dans l'Apocalypse comme un diamant [50] . Image du diamant qui évoque à son tour la Fontaine de Barenton, dont la dalle d'émeraude creusée en vasque repose sur quatre rubis [51] , ainsi que le personnage d'Yvain caractérisé de façon frappante, comme Galaad, par l'axe Lion-Verseau.
 

L'AXE BÉLIER-BALANCE

     Avec le second axe de la polarité solaire, Bélier-Balance, c'est un nouvel aspect de la mission de Galaad qui se déploie : celui de Guerrier et de Justicier; mais cet axe, qui est également celui de Mars et de Vénus, évoque aussi, au travers du thème de l'Epée aux étranges renges et de la soeur de Perceval qui lui est étroitement associée, l'union du Guerrier et de la Femme, esquissant autour des noces mystiques de Galaad et de la soeur de Perceval [52]  le thème de l'Androgyne primordial, réalisé, comme pour Tristan et Yseut [53] , au-delà de la mort : tous deux reposent, ainsi que Perceval, qu "palès esperitel" à Sarras. Si, dans le célèbre épisode de la forêt du Morrois [54] , l'épée nue entre les corps allongés et plongés dans un profond sommeil de Tristan et Yseut peut se lire comme le symbole d'une fusion parfaite de leurs énergies, réalisant dans sa pureté étincelante la synthèse des principes masculin et féminin, dans la Queste la remise à Galaad de l'Epée aux étranges renges par la soeur de Perceval témoigne d'une transmission initiatique par une femme, voie propre à la caste guerrière [55] .

    Sans développer ici les trésors de symbolisme renfermés dans cet épisode de l'Epée, relevons deux éléments qui témoignent de la complémentarité de l'axe Bélier-Balance.

     De l'Epée de David, l'Epée aux étranges renges ne conserve que la lame toute nue [56]  : autrement dit, la force martienne dans son énergie la plus condensée, source de puissance irrésistible mais par là-même porteuse de force destructrice ; c'est cette épée qui, dans la Queste , a porté le coup félon transformant le royaume de Logres en Terre Gaste [57] . Cette énergie martienne à l'état pur doit être tempérée, équilibrée par son complémentaire vénusien du signe de la Balance : c'est la fonction du baudrier - les renges - véritable véhicule d'énergie au regard d'une corporéité subtile qui étudie dans le corps humain la circulation et l'équilibre entre les centres d'énergie. En effet, le baudrier, partant de la clavicule droite, aboutit, en passant par le coeur, à la rate, partie de l'organisme où se régénère le sang [58] ; or, si la maîtrise de Mars en Bélier figure à la fois le fer et le sang, qui peuvent être illuminés et ennoblis par l'exaltation du Soleil dans ce signe, la maîtrise conjointe et ténébreuse de Pluton signale le risque de rouille du fer et d'impureté du sang. C'est pourquoi le baudrier est constitué avec les cheveux tressés d'une vierge qui, de plus, doit être "fille de roi et de reine" [59]  : elle confère l'équilibre et la mesure de la Balance à la force impétueuse du Bélier, tout en orientant cette force dans le sens d'un combat pour la justice (sens de l'exaltation de Saturne en Balance). Les cheveux - que l'on pense à Samson [60]  - sont considérés dans plusieurs traditions comme des conducteurs d'énergie. Placés sur la tête (dont le signe du Bélier est le significateur en astrologie), ils sont comme des antennes captant l'énergie cosmique, ouranienne, véhiculée ensuite à travers le corps par la double circulation respiratoire et sanguine. On peut mettre ainsi en parallèle le double sacrifice auquel consent la soeur de Perceval : don du sang au Château de la Lépreuse et don de sa chevelure à Galaad : sur un plan spirituel, ce sacrifice non sanglant [61]  est, nous semble-t-il, le plus élevé. Le don du sang est en quelque sorte en rapport avec les éléments Terre et Eau, tandis que le don de la chevelure, véhicule de l'énergie cosmique ouranienne, est à mettre en rapport avec l'Air et le Feu. Du sang au feu ouranien - qui est comme un sang spiritualisé - se déploie un mouvement analogue à celui qui conduit du sacrifice du Christ sur la Croix à la descente de l'Esprit-Saint à la Pentecôte.

     Pour former le baudrier, les cheveux de la soeur de Perceval sont tressés : à l'inverse de l'éclatement, de l'éparpillement énergétique dont témoigne l'histoire d'Absalon (il reste pendu à un arbre par les cheveux [62] ) , nous sommes ici en présence d'une concentration maîtrisée des énergies qui peuvent dès lors s'orienter vers une mission de justice. C'est le roi Salomon qui, à partir de la lame de l'épée de David, va constituer, par l'adjonction du pommeau, de la poignée et du fourreau, l'Epée aux étranges renges [63] . Par son nom, le roi Salomon, figure emblématique de la sagesse, se rattache au symbolisme du saumon, significateur de la Connaissance, lui-même relié au signe zodiacal des Poissons. En effet, comme chacun le sait, le saumon remonte en nageant le cours des rivières; or, le signe double des Poissons est figuré par un Poisson d'Or qui remonte vers les "eaux supérieures" et par un Poisson d'Argent qui descend vers les "eaux inférieures"; on peut donc assimiler le saumon au Poisson d'Or et y voir un symbole de la remontée vers la Connaissance et la Tradition primordiale, en dépit de la chute cyclique figurée par la flux incessant de la rivière et du temps. La mission de justice de Galaad est ainsi liée à l'idée d'un accomplissement à la fin d'un cycle. Plénitude cyclique qu'indique par ailleurs le nombre sept, qui est précisément celui de la Balance [64] .

     C'est ici l'exaltation de Saturne en Balance qui est évoquée, avec le double aspect de Saturne-Chronos, figure du Temps dévorateur, le plomb de la fin de l'Age de Fer [65] , mais aussi du Saturne-Kronos, souverain de l'Age d'Or et détenteur de la Tradition primordiale. En "achevant" les aventures du royaume de Logres, Galaad signe la fin d'un monde : celui où les "enchantements" de Bretagne faisaient, aux franges de la centralité arthurienne courtoise et policée, les délices des chevaliers aventureux. Ce désenchantement du monde n'est pas sans causer quelque nostalgie dans la mesure où il évoque la plongée de la civilisation occidentale, depuis le XIVème siècle déjà, dans une rationalité coupée de ses racines et de sa sève célestes, aboutissant à la glaciation technocratique et à l'inquiétante étrangeté d'un monde où s'est perdu le sentiment des liens unissant entre eux le microcosme et le macrocosme, l'homme et la nature [66] . Mais, par ailleurs, cet achèvement purificateur des enchantements qui enserraient le royaume de Logres dans un réseau de "coutumes" souvent barbares - qu'on songe au Château des Pucelles ou au Château Carcelois - a une fonction libératrice : il prépare le terrain à la restauration de Saturne dans sa dignité première, il ouvre les voies au recouvrement de la Tradition primordiale. C'est une fois les aventures achevées que peut se dérouler, pour les douze élus de la Quête, la liturgie du Graal à Corbenic. Ainsi, la mission de Galaad, solaire et uranienne dans son principe, comporte une composante plutonienne, avec son sens de destruction en vue d'une reconstruction [67] , qui s'exerce dans le temps et dans l'espace. Ces "coutumes", que la Queste présente, à l'instar de tout ce qui relève du monde arthurien, sous un jour négatif, ont sans doute été, dans des temps antérieurs, constitutives de cet univers, en ont tissé la trame [68] . Mais l'effet du temps et de la descente cyclique en ont alourdi le poids et retourné en son contraire la positivité initiale. L'achèvement des aventures par Galaad symbolise le travail de l'oubli, nécessaire pour que puisse jaillir à nouveau, coulant à flots des urnes du Verseau, la mémoire archétypale de la Tradition primordiale. Tant il est vrai que le traditionalisme, entendu comme l'absolutisation de formes par nature passagères et soumises au temps, n'est pas dans l'esprit de la Tradition, pérenne dans ses archétypes, éternelle dans ses principes, mais d'une adaptabilité toute mercurienne quant à ses manifestations dans le monde de la matière et des formes [69] . Cette dialectique de la mémoire et de l'oubli trouve son répondant spatial dans l'oscillation entre Orient et Occident, le cycle s'achevant avec le retour du Graal à son point de départ. Cela explique peut-être la raison pour laquelle le royaume d'Arthur, n'étant plus rattaché après la dernière Pentecôte du Graal au monde archétypal, bascule, dans la Mort Artu , d'un espace mythique à un espace historique qui voit le roi Arthur quitter la centralité figurée par la Table Ronde pour aller guerroyer en Gaule et contre l'empereur de Rome. Cet éclatement de l'espace arthurien traditionnel qui prend la forme d'une extension universelle [70]  se traduit, sur le plan temporel, par une fulgurante accélération du temps qui se condense de manière catastrophique entre le triomphe en Gaule et l'écroulement final à Salesbières et qui se traduit dans l'image de la Roue de Fortune [71] . Sur le plan astrologique, cette dialectique spatio-temporelle qui accompagne la chute du monde arthurien [72]  relève d'Uranus (l'espace) et de Saturne (le temps). Le jugement final porté sur le monde arthurien est le fruit du déséquilibre dans lequel il a plongé, peut-être pour n'avoir pas su entendre la leçon de la Quête. Ce déséquilibre est rendu, dans la symbolique astrologique, par une Balance (signe de l'équilibre) dont les valeurs s'inversent en fin de cycle.
 

L'AXE SAGITTAIRE-GÉMEAUX

     Le troisième axe des éléments Feu-Air est l'axe Sagittaire-Gémeaux; il nous paraît correspondre, en vertu du symbolisme astrologique, aux figures du Prêtre et de l'Envoyé. Mais ces deux signes, Gémeaux et Sagittaire, sont en astrologie des signes doubles; aussi bien la fonction du Prêtre n'est-elle pas ici incarnée par Galaad, mais par Josephé, lui-même double de Joseph d'Arimathie [73] . Le maître du Sagittaire, Jupiter, est le significateur du Guide [74] ; et c'est bien un rôle de guide, de maître spirituel, que remplit Josephé envers Galaad, et à travers lui envers toute la chevalerie. Plusieurs critiques l'ont souligné [75] , leur proximité tient à ce qu'ils sont l'un et l'autre d'une parfaite virginité et qu'il leur a été donné à l'un et à l'autre de contempler les mystères du Graal. Ce rôle de guide rempli par Josephé à l'égard de Galaad procède en une triple gradation. Tout d'abord, aux temps de la préparation de la venue, encore lointaine, du "Chevalier Désirré", sur le point de trépasser, Josephé laisse à Mordrain l'écu qui va devenir, par la suite, celui de Galaad; sur cet écu, il trace de son sang une croix : ainsi, par le sang, s'inscrit à travers le temps une filiation spirituelle entre Josephé et Galaad. Pauline Matarasso a bien mis en valeur, à propos de Josephé, sa parenté analogique avec la vénérable figure de Melchissédech, qui, par le don du pain et du vin, apporte sur Abraham, le Père des croyants - juifs, chrétiens et musulmans - la bénédiction du Très-Haut, épisode dans lequel R. Guénon voit la marque de la filiation de ces trois religions avec la Tradition primordiale [76] . La seconde étape s'opère à Corbenic, lors de la liturgie du Graal : "si vint a Galaad et le besa et li dist qu'il besast autresi toz ses freres" (p. 269, l. 23). Par le baiser c'est, encore une fois, la transmission d'une connaissance qui s'opère et, malgré les différences de contexte, on peut voir dans ce passage comme un écho du motif du Fier Baiser, fréquent dans la mythologie celtique et dans les romans arthuriens [77] . La dernière étape, enfin, a lieu à Sarras, juste avant la mort de Galaad, et elle consiste en trois moments : Josephé invite Galaad à contempler "apertement" les mystères du Graal, il lui donne la communion et, enfin, se fait reconnaître comme le fils de Joseph d'Arimathie, investissant en quelque sorte Galaad comme son compagnon, comme son égal. On pourrait dire qu'au seuil de la mort, et pour conduire son âme au-delà, Josephé vient prendre la suite de la soeur de Perceval qui, depuis la nef de Salomon jusqu'à Sarras, a accompagné invisiblement Galaad, d'une manière analogue à celle dont, dans la Divine Comédie, saint Bernard vient prendre auprès de Dante le relais de Béatrice pour le conduire dans les dernières sphères du Paradis [78] .

    La dualité des Gémeaux et l'exaltation dans ce signe de Mercure, le messager des dieux, marque, en ce qui concerne la mission de Galaad, sa double visée, le double plan sur lequel elle est appelée à s'interpréter et à se réaliser : le plan métaphysique et le plan méta-historique.

     Si Galaad est "enluminé" dès le départ de toutes les vertus qui en font le meilleur chevalier du monde dès son apparition à la cour d'Arthur [79] , s'il n'a pas à progresser ni en prouesse chevaleresque, ni en vertus chrétiennes - pour lui, les aventures ne sont pas des épreuves [80]  - il est un plan sur lequel se marque une évolution : celui de l'approche des mystères du Graal et de la qualité de leur dévoilement. Le cheminement, en trois phases qui correspondent à celles de l'Ouvre alchimique, mène de la réalisation par l'action - voie propre à la caste chevaleresque, mais qui ne conduit qu'aux "petits mystères" [81]  - jusqu'à la contemplation de Corbenic - équivalent de l'Ouvre au Blanc - qui se parachève, pour le seul Galaad, dans l'illumination finale à Sarras. A ces trois phases correspondent les modalités de manifestation du Graal : nourricier (à la cour d'Arthur), et guérisseur (épisode du chevalier dans la chapelle) dans le monde de la chevalerie terrienne, répondant ainsi aux besoins du corps grossier, matériel [82] ; lumineux et révélant les mystères de la Trinité (vision de Lancelot), distribuant une nourriture céleste (liturgie de Corbenic) qui comble les désirs du corps subtil tout en étant délectable pour le corps grossier [83] ; enfin indicible mysterium tremendum[84]  qui suggère, avec l'abandon de la dépouille mortelle, la naissance au corps glorieux de celui qui a réalisé l'illumination [85] .

     Suspendons ici, un instant, le temps et laissons-nous aller, à la suite d'E. Baumgartner, avec crainte et tremblement, à la spéculation : que voit Galaad dans le Graal ? "Ce que voit Galaad, nous dit E. Baumgartner, à l'intérieur du Graal et au terme de sa quête, c'est la naissance même de la vie, le moment où s'inaugure le temps, l'acomençaille , selon les propres termes du texte" [86] . Si l'on se souvient que, selon certaines branches de la légende [87] , le Graal a été façonné dans l'émeraude tombée du front de Lucifer au moment de sa chute et recueillie par des anges, et si l'on admet que cette émeraude sur le front correspond au "troisième oeil" - urna ou luz[88] , équivalent au "sens de l'éternité" - on peut suggérer alors qu'à cet instant de l'illumination où s'ouvre en lui ce "troisième oeil" il n'y a plus entre Galaad et le Graal de différence : le Soi contemple le Soi.

     La réalisation métaphysique ne concerne que l'individu; aussi bien est-elle en principe possible, quelles que soient les circonstances, en tout temps et en tout lieu. Mais la mission de Galaad comporte une dimension collective que l'on peut qualifier de "méta-historique", dans la mesure où une réalité d'ordre supra-historique, archétypale - le Graal - fait irruption dans l'histoire [89] . Nous n'envisageons pas ici la signification de la figure de Galaad dans le cadre historique réel de la Chrétienté médiévale, mais uniquement les effets de son surgissement dans l'univers fictionnel, mais cohérent, du monde arthurien.

     Le thème classique du roi Arthur partagé entre la joie et la tristesse - "lié et dolanz" [90]  - prend, durant l'ouverture de la Queste , un relief saisissant : l'arrivée de Galaad et la manifestation du Graal à la cour même d'Arthur sont accueillies par le roi et son entourage avec joie et reconnaissance [91] . Mais dès le voeu de Gauvain une ombre de tristesse va grandissant jusqu'au déchirement de la séparation; le roi et la reine usent, envers les êtres qui leur sont les plus chers, Gauvain et Lancelot, du même terme : trahison [92] . Avant même la fracture induite dans la Mort Artu par l'affrontement entre les lignages de Gauvain et de Lancelot, la Queste introduit une fissure dans l'univers de la Table Ronde, au moment même où, avec l'installation de Galaad sur le Siège Périlleux et la manifestation du Graal, cet univers devrait trouver sa complétude et son couronnement. La mission à la fois destructrice et libératrice, comme nous l'avons vu, de Galaad laisse le royaume arthurien désemparé. Or, la fatalité qui, dans la Mort Artu , va conduire à la catastrophe finale, ne règne pas encore dans la Queste . Le monde arthurien, avec son code chevaleresque et courtois, est certes disqualifié en tant que tel dès le début de la Queste[93] , mais il est en même temps appelé, par les deux messagers de l'ermite Nascien [94]  à endosser les nouvelles valeurs de la chevalerie "célestielle". Ce qui est fatal, car écrit dans la loi cyclique de l'histoire, c'est la nécessité d'une transformation, d'une mutation; mais le caractère plus ou moins dramatique de cette mutation dépend de la réaction des hommes face à cette nécessité. Au moment de la Queste , le roi Arthur n'a plus à ses côtés le sage Merlin pour l'éclairer : autrement dit, le monde arthurien n'a plus les moyens de se ressourcer à la Tradition primordiale et le roi Arthur ne pourra pas se transformer en gardien du Graal. Ce sera alors, après les péripéties de la lutte fratricide entre les lignages de Gauvain et de Lancelot et après les expéditions d'Arthur en Gaule et contre Rome, le retour des forces inférieures grouillantes, sur le refoulement desquelles s'était constitué, du temps d'Uterpendragon et de la jeunesse d'Arthur, l'ordre du monde arthurien. Ce sera le retour des Saxons, appelés par Mordret, figure de l'Antéchrist dans cette Apocalypse du monde arthurien; Saxons qui évoquent les Fomores de la mythologie celtique [95]  et, dans la tradition biblique, les redoutables hordes de Gog et Magog [96] . Faute de s'ouvrir aux influx ouraniens signifiés par les manifestations du Graal et par l'ouverture de la Quête avec l'arrivée de Galaad, le monde arthurien, endurci dans la tranquille assurance de ses valeurs "terriennes" chevaleresques et courtoises et fermé aux appels du Ciel, subit sans protection les assauts des puissances inférieures (les Saxons) et de ses démons intérieurs (Mordret).
 

LES TROIS AXES DES ÉLÉMENTS TERRESTRES (POLARITÉ LUNAIRE)

     Galaad est une figure essentiellement solaire. Aussi les éléments de la polarité lunaire se présentent-ils, au regard de sa mission chevaleresque et royale, non point comme des fins, des valeurs à réaliser en tant que telles, mais comme des moyens, des conditions de la réalisation. L'axe majeur de cette série, en ce qui le concerne, est l'axe Vierge-Poissons, la signature même du christianisme dans la succession des Eres précessionnelles [97] . Dans la trajectoire du "Bon Chevalier", ces deux signes évoquent les thèmes de la virginité et du sacrifice.

     Il est assez difficile aujourd'hui de comprendre l'insistance avec laquelle la Queste exalte la virginité, qu'ont en partage avec Galaad Perceval et sa soeur (Bohort n'est que "chaste", ayant engendré de la fille du roi Brangorre Elain le Blanc) [98] . On peut, certes, prendre cette exigence dans un sens moral; mais comment, alors, ne pas être frappé par le violent contraste avec toute la tradition arthurienne, à la suite de F. Lot et de tous ceux qui ont débattu sur le "double esprit" du Lancelot en prose[99] . On a mis en valeur, et à juste titre, l'importance du culte de Notre-Dame dans la spiritualité cistercienne et dans celle des Templiers [100] . La Queste ne manque pas de citer à plusieurs reprises des "messes de Nostre-Dame" [101] . En ne retenant ici que l'aspect du problème relatif à la mission de Galaad, nous serions tenté de mettre en rapport l'exigence de virginité de l'Elu avec les conditions qui favorisent l'illumination au terme de la réalisation métaphysique. L'énergie sexuelle retirée à ses fins, légitimes mais purement "terriennes", de jouissance et de procréation est tout entière canalisée vers le haut, entraînant, selon la terminologie hindoue de la corporéité subtile [102] , le réveil de la "kundalini" [103]  et sa montée à travers les "chakras", les centres de force, jusqu'au "troisième oeil" et au sommet du crâne. La virginité apparaît alors non plus comme un idéal moral - élevé, certes, mais en conflit avec l'éthique chevaleresque et les tendances de la nature humaine - mais comme la condition pour ainsi dire "technique" d'une réalisation spirituelle, de fait hors du commun mais en principe ouverte à tous.

     La virginité se présente dans ces conditions comme le libre exercice, dans une tension permanente, d'une totale maîtrise du "moi" pour atteindre à la réalisation du "Soi" [104] . Le pendant de cette maîtrise du "moi", qui peut libérer dans l'être de grandes forces et lui conférer des "pouvoirs" [105] , est le renoncement à l'exercice de cette maîtrise, de ces "pouvoirs". Tel est le sens de la complémentarité de l'axe Vierge-Poissons, ce dernier signe étant alors symbolisé par les valeurs positives de Neptune, du sacrifice, du renoncement à l'"ego" au profit du grand Tout universel, de la communion des êtres. Ce renoncement se marque chez Galaad par son total abandon, à l'imitation du Christ, envers la volonté divine qui lui est signifiée par des messagers célestes ou par des protagonistes de la Queste[106] .

     Le même axe Vierge-Poissons correspond, chez Lancelot, au douloureux renoncement à son amour pour la reine Guenièvre - sur lequel il reviendra dans la Mort Artu . C'est autour du personnage de Lancelot, plutôt que de Galaad, que prennent relief les axes de cette polarité lunaire des éléments terrestres (Terre et Eau). Dans l'axe Capricorne-Cancer peut se lire sa trajectoire qui le conduit de l'enfermement dans ses certitudes de "meilleur chevalier du monde" au regard des valeurs terriennes, de sa dureté de coeur [107] - Saturne, significateur de la pierre et de la dureté, maître du Capricorne - jusqu'à son repentir qui lui fait retrouver le "don des larmes", comme la promesse d'un nouveau printemps que symbolisent les eaux du Cancer, et lui ouvre le chemin à une navigation de cinq mois en compagnie de son fils Galaad. Mais il lui aura fallu entre temps croupir au bord de l'eau Marcoise, dont le nom, que l'on peut rapprocher de marche, marke[108] , limite entre le monde des vivants et l'Autre monde celtique, évoque les eaux sombres de l'Achéron : connotations plutoniennes du troisième signe d'Eau, le Scorpion.

     D'une façon générale, l'opposition entre la polarité lunaire et la polarité solaire peut se rattacher à la complémentarité entre Lancelot, fleuron de la chevalerie "terrienne" et son fils Galaad, type de la chevalerie "célestielle". Lancelot est caractérisé par des traits typiquement lunaires : il est formé à la chevalerie par la Dame du Lac et rayonne dans le monde arthurien par son armure blanche; ses armes sont "d'argent à trois bandes de gueules" [109]  tandis que celles de Galaad, semblables à celles des Templiers, sont "d'argent à la croix vermeille".

     Ainsi, la série des éléments terrestres, dont la polarité lunaire renvoie à Lancelot, se rattache aux temps de la préparation de la venue du "Bon Chevalier" qui incarnera, lui, le principe solaire et s'inscrira de préférence dans la symbolique des éléments célestes. Mais d'une série à l'autre, il n'y a pas de rupture : un ample mouvement ascendant se dessine qui, partant avec le Scorpion du tréfonds de l'abandon et de la mort à soi-même à laquelle consent Lancelot à l'Eau Marcoise, passe par le renoncement aux passions et à l'affirmation de l'"ego" dans l'axe Bélier-Balance, dans sa capacité solaire et chevaleresque de combattre pour la justice, et qui culmine enfin dans l'exaltation ouranienne où la contemplation du Graal s'ouvre, en renouant avec la Tradition originelle, sur la promesse d'un nouveau cycle.

* * * *

     La symbolique astrologique rend donc bien compte de la filiation Lancelot-Galaad et de la double polarité "terrienne" et "célestielle" de la Queste . Cette étude suggère également, nous semble-t-il, qu'une lecture ésotérique de la Queste est possible. L'unité qui relie entre elles les sciences traditionnelles donne à penser, par exemple, qu'un éclairage nouveau pourrait être apporté par le symbolisme alchimique auquel se rattache, à notre sens, le riche bestiaire de la Queste .

     Nous conclurons par une question de méthode. Dans notre interprétation de la mission de Galaad, le recours au symbolisme zodiacal a joué en quelque sorte comme un support de méditation, comme un "mandala" sur la surface duquel, au gré des permutations d'axes de la grande roue zodiacale, sont venus s'inscrire des images et des thèmes relatifs à l'oeuvre étudiée. Les rapprochements que nous avons effectués ne nous semblent pas pour autant arbitraires. D'une part, en vertu de la loi d'analogie qui en est le fondement, le symbolisme universel se caractérise par sa rigueur et par sa grande cohérence [110] . En second lieu, nous estimons que se manifeste, tant dans la symbolique zodiacale que dans les textes médiévaux relatifs à la légende du Graal, le renvoi à des archétypes communs qui témoignent de la présence et de l'action du surnaturel dans le monde de la manifestation.

     Enfin, une lecture ésotérique de la Queste nous paraît possible et souhaitable au regard de la riche substance symbolique des aventures qui s'offrent aux chevaliers et des récits rétrospectifs. Une telle approche pourrait libérer ces éléments de la finalité univoque et réductrice que leur assigne l'interprétation des ermites - et celle de maint commentateur à la suite d'A. Pauphilet et d'E. Gilson [111] . Non que ces interprétations exotériques soient fausses ou à rejeter. Mais elles laissent endormis dans le symbolisme propre des aventures des trésors de signification dont l'interprétation des ermites - par malice ou par prudence ? - n'a pas activé l'énergie rayonnante. Les aventures de la Queste ont subi, comme le pauvre Merlin, un "enserrement" dont nous pouvons tenter, peut-être, de les délivrer.

Les Chirons, septembre 1988



[1] Cf. notamment l'ouvrage de Marcelle SENARD, Le Zodiaque (Ed. Traditionnelles, P., 1984), ainsi que les nombreuses références au Zodiaque dans l'oeuvre de René Guénon. « Texte

[2] Jean RICHER : "Images de l'horoscope dans la poésie de Hugo", L'Astrologue , N° 75, 1986, p. 102-108. Egalement : Nerval au royaume des archétypes , Archives nervaliennes N° 10, 1971. « Texte

[3] Paul-Georges SANSONETTI : "Le Zodiaque et la chevalerie arthurienne", Cahiers de l'Hermétisme (L'Astrologie) , Albin Michel, P., 1985. « Texte

[4] Philippe LAVENU : L'Esotérisme du Graal. Secret du Mont Saint-Michel , Guy Trédaniel, P., 1986. J.-Ch. Payen souligne dans sa postface tout l'intérêt pour les études médiévales d'une large et sérieuse prise en compte d'une approche ésotérique : "En postfaçant l'ouvrage de Philippe Lavenu, j'assume en toute conscience le risque de choquer plus d'un philosophe ou plus d'un historien positiviste. Mais la quête de la vérité passe parfois par d'autres chemins que celui du savoir universitaire. Il n'est pas sûr que le présent livre soit lu par mes collègues médiévistes, et je ne suis pas certain qu'il donne lieu à des comptes rendus dans des revues savantes. Je le regrette profondément, parce que je souhaite moi aussi que l'astrologie et l'alchimie, quand on en traite avec la compétence requise, ne soient plus seulement les objets d'une vague curiosité historique, mais bien les fondements d'une méthodologie qui, pour être hypothétique, n'en serait pas moins stimulante." (p. 173). On peut relever, de manière plus discrète, un intérêt convergent pour une telle approche dans les dernières publications de Jean-Claude LOZACHMEUR : "Recherches sur les origines indo-européennes et ésotériques de la légende du Graal", Cahiers de Civilisation médiévale , N° 117 (1987), p. 45-63, et de Michaël BARRY : "La Table Ronde du Roi Arthur et les Mille et Une Nuits", Les Romans de la Table Ronde, la Normandie et au-delà..., Ed. Ch. Corlet, Condé-sur-Noireau, 1987, p. 161-212. « Texte

[5] Ed. A. Pauphilet, P., Champion, 1949 (CFMA). « Texte

[6] Ferdinand Lot : Etude sur le Lancelot en prose , P., Champion, 1954, p. 76. « Texte

[7] François GIBELIN : "Du Mois à l'Ere d'Aquarius", Hamsa , N° 4. « Texte

[8] René GUENON : Introduction générale à l'étude des doctrines hindoues , P., Véga, 1964, p. 231. « Texte

[9] Marcelle SENARD : op. cit., p. 240, fig. 5. « Texte

[10] Dans son Bestiaire du Christ (Desclée de Brouwer, 1940, p. 49), Louis CHARBONNEAU-LASSAY reproduit les armes des rois éthiopiens, qui figurent précisément le Lion de Juda. « Texte

[11] Symbolique particulièrement mise en valeur dans le livre précurseur de Paul LE COUR, paru en 1937, L'Ere du Verseau (Dervy-Livres, 1980-1983, p. 119-127). « Texte

[12] Le nectar correspond au sôma védique et l'ambroisie (du grec ambrotos : immortel) correspond au sanscrit amrita, composé de l'alpha privatif et de la racine mri, mourir (latin mori). Cf. Emile BURNOUF : Le Vase sacré , Sebastiiani, 1974, p.81. « Texte

[13] Marcelle SENARD : op. cit., p. 70. « Texte

[14] ROBERT DE BORON : Le roman du Graal , éd. par B. Cerquiglini, UGE, 1981 ("Bibliothèque médiévale"). « Texte

[15] Par exemple, pp. 58, 84, 159, 255, 277. « Texte

[16] G. CARLSEN : "Le coeur, le Graal et le mystère du sang", Hamsa N° 4, p. 44-48. « Texte

[17] Rappelons que la fête du Christ-Roi a été instaurée en 1925 sous le pontificat de Pie XI et que, depuis 1873, la France est consacrée au Sacré-Coeur. « Texte

[18] On peut consulter à cet égard l'oeuvre de Paul LE COUR et celle de son continuateur à ltête de la revue Atlantis , Jacques d'ARES. Pour ce qui est de la distinction entre ésotérisme-exotérisme, nous nous en référons aux multiples éclaircissements qui sont donnés à ce sujet tout au long de l'oeuvre de René Guénon. « Texte

[19] Queste , p. 228. Lancelot , éd. A. Micha, Droz, Genève, 1980, t. VII, p. 285-286 et 298. « Texte

[20] Queste , p. 236-246. « Texte

[21] Queste , p. 275. « Texte

[22] Queste , p. 227. « Texte

[23] G. CARLSEN : art. cit., p. 45. « Texte

[24] WOLFRAM von ESCHENBACH : Parzival , Aubier Montaigne, P., 1977, 2 vol. « Texte

[25] Emmanuèle BAUMGARTNER : L'Arbre et le Pain , SEDES, P., 1981, p. 152, n. 19. « Texte

[26] Queste , p. 277. « Texte

[27] Pauline MATARASSO : The Redemption of Chivalry , Droz, Genève, 1979. « Texte

[28] La plus éminente, parce qu'elle répond de façon antithétique au péché majeur, l'orgueil, qui fut cause de la première chute, celle de Lucifer et des anges révoltés. La seconde chute, celle d'Adam et d'Eve, apparaît comme une résultante de la première. Les péchés de covoitise et de luxure , auxquels font pendant les vertus de virginité et de chasteté occupent une position seconde dans la hiérarchie des vices et des vertus, après le couple orgueil-humilité. Cf. P. MATARASSO, op. cit., p. 149. « Texte

[29] P. MATARASSO : id., p. 87-88. « Texte

[30] Ce thème de la fraternité qui unit entre eux les chevaliers de la Quête est évoqué à plusieurs reprises. Cf. Queste , p. 17, l. 9; p. 74, l. 24-28 (à propos des apôtres à la Table de la Cène); p. 154, l. 5, etc. « Texte

[31] Lors de la liturgie du Graal à Corbenic, le roi Pellès et son fils Elyezer quittent la salle avant l'arrivée du Graal : sans avoir démérité personnellement, ils sonbt relevés de leur charge de gardiens du Graal. Queste , p. 268. « Texte

[32] Queste , p. 221. Cette question des lignages, si complexe dans la Queste , et dans les romans du Graal, ne peut être abordée ici. « Texte

[33] Les anges emportent l'âme de Galaad : "Si l'en porterent li anglere fessant grant joie et beneissant Nostre Seignor" (Queste , p. 278, l. 32). « Texte

[34] E. BAUMGARTNER : op. cit., p. 66. « Texte

[35] "Les malvés oirs" évoqués à deux reprises. Queste , p. 274, l. 33 et p. 271, l. 7 ss. « Texte

[36] René GUENON : "L'ésotérisme du Graal", Lumière du Graal , P., 1951, p. 37-49, notamment p. 47-49. « Texte

[37] Id., p. 47. « Texte

[38] Id., p. 49. « Texte

[39] La notion de dégénérescence ou d'involution cyclique est exposée dans son principe par R. Guénon dans Formes traditionnelles et cycles cosmiques , P., Gallimard, 1970, et largement développée par l'ouvrage majeur de Jean PHAURE : Le Cycle de l'Humanité adamique , Dervy-Livres, P., 1973. « Texte

[40] Jn 16 : 7 : "Il est de votre intérêt que je m'en aille car si je ne m'en vais pas le Consolateur ne viendra pas à vous; si je pars, au contraire, je vous l'enverrai". « Texte

[41] Paul EVDOKIMOV : L'Orthodoxie , Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, 1965, p. 37 : "L'intégration au religieux change la nature de l'intelligence humaine". « Texte

[42] Queste , p. 4, l. 9. « Texte

[43] Queste , p. 84, l. 14; p. 279, l. 22. « Texte

[44] Queste , p. 275, l. 15. « Texte

[45] René GUENON : Symboles fondamentaux de la Science sacrée , P., Gallimard, 1962. "Les Gardiens de la Terre sainte", p. 109. « Texte

[46] René GUENON : id., "La Science des lettres", p. 69. « Texte

[47] Selon R. Guénon, l'axe polaire correspond analogiquement à l'autorité spirituelle, figuré par le sanglier, tandis que l'axe solaire peut être mis en relation avec le pouvoir temporel, exercé par la caste des Kshatriyas (guerriers) à laquelle se rattache le symbolisme de l'ours - et donc la figure d'Arthur/Arcturus. Cf. Symboles fondamentaux de la Science sacrée , "Le Sanglier et l'Ourse", p. 177-183. « Texte

[48] René GUENON : id., p. 178. L'auteur développe à ce propos des considérations cycliques qui dépassent le cadre fe notre étude. « Texte

[49] Folie Tristan d'Oxford, in Tristan et Yseut , éd. J.-Ch. Payen, P. Garnier, 1974, vv. 299-308. "Reis, fet li fol, la sus en l'air Ai une sale u je repair. De veire est faite, bele e grant; Li solail vait par mi raiant; En l'air est e par nuez pent, Ne berce, ne crolle pur vent. Delez la sale ad une chambre Faite de cristal e de lambre. Li solail, quant par main levrat, Leenz mult grant clarté rendrat." « Texte

[50] Ap. 21 : 11 : "Son éclat était pareils à celui d'une pierre très précieuse, comme une pierre de jaspe cristalline." « Texte

[51] CHRETIEN DE TROYES : Yvain , éd. Mario Roques, Champion, P., 1982, vv. 424-429 : Li perrons ert d'une esmeraude perciee ausi com une boz, et s'a quatre rubiz desoz, plus flanboianz et plus vermauz que n'est au matin li solauz, quant il apert en orïant". Nous renvoyons, pour l'interprétation symbolique de cette oeuvre, aux travaux en cours de P.-G. Sansonetti. « Texte

[52] Elle reste sans nom : pourquoi ? « Texte

[53] Pierre GALLAIS : "Les Arbres entrelacés dans les romans de Tristan et le mythe de l'androgyne primordial", Mélanges P. Le Gentil , P. SEDES, 1973, p. 295-310. « Texte

[54] Tristan de Béroul, v. 1955-2046, éd. J.-C. Payen. « Texte

[55] René GUENON : Symboles fondamentaux de la Science sacrée , op. cit., p. 111. « Texte

[56] Queste , p. 223, l. 2-6 : "Ou temple que vos avez fet en l'onor vostre Seignor est l'espee le roi David vostre pere, la plus trenchant et la plus merveilleuse qui onques fust bailliee de main de chevalier. Si la prenez et en ostez le pont et l'enhendeure, si que nos aions l'alemele tote nue tornee a une part." « Texte

[57] Queste , p. 204. « Texte

[58] Dans le cadre de son séminaire à l'EPHE, M. Sansonetti a signalé le rapprochement de ce circuit des énergies avec la figure héraldique de la bande (qui se retrouve dans les armes de Lancelot) ainsi qu'avec l'échelle de Jacob, figure d'une circulation permanente des énergies. « Texte

[59] Queste , p. 205. Cette qualification mériterait sans doute des développements en relation avec l'alchimie qui sont hors de notre propos. « Texte

[60] Dont le nom est évoqué à plusieurs reprises dans la légende de Tristan. Cf. Tristan et Yseut , op. cit., p. 337, n. 113. « Texte

[61] En écho avec l'Offrande "pure, raisonnable et non sanglante" de la liturgie de la messe. « Texte

[62] 2 Samuel 18 : 9. « Texte

[63] Queste , p. 223. Les éléments constitutifs de cette épée méritent à eux seuls un article. « Texte

[64] Jacques RIBARD : Le Moyen Age. Littérature et symbolique , Champion, P.,1984. « Texte

[65] La doctrine traditionnelle des quatre Ages de l'humanité, commune aux civilisations les plus diverses, est au coeur de la cyclologie. Cf. Gaston GEORGEL : Les Quatre Ages de l'Humanité , Ed. Servir, Besançon, 1949, ainsi que les ouvrages déjà cités de R. Guénon et de J. Phaure. « Texte

[66] Louis LALLEMAND : La vocation de l'Occident , Dervy-Livres, P., 1988. Chap. "Le venin du fruit", p. 215-257. « Texte

[67] HADES : Pluton ou les Grands Mystères , Ed. Bussière, P., 1971. « Texte

[68] Sur la "costume" et l'"aventure", cf. Jacques RIBARD : "L'aventure dans la Queste del Saint Graal", Mélanges Alice Planche , Nice-Paris, Les Belles-Lettres, 1984, p. 415-423. « Texte

[69] Nous nous référons ici à la doctrine traditionnelle des trois mondes, fondée sur la Tétractys pythagoricienne et exposée par J. Phaure dans le Cycle de l'Humanité adamique , op. cit., p. 186. « Texte

[70] Ressurgit alors, autour de la figure d'Arthur, le mythe du Grand Monarque. « Texte

[71] Que l'on retrouve avec la Xème Lame du Tarot. « Texte

[72] Et qui est sensible, sur le plan historique et non plus mythique, depuis la Renaissance. « Texte

[73] Sur ce dédoublement, cf. E. BAUMGARTNER, op. cit., p. 149. « Texte

[74] "Guru" en sanscrit : celui qui conduit des ténèbres à la lumière. Cf. M. SENARD, op. cit., p. 334. « Texte

[75] P. MATAROSSO, E. BAUMGARTNER notamment. « Texte

[76] Gn : 14 : 18-20; Heb. 5-7. P. MATARASSO, op. cit., p. 22-23. Cf. Jean TOURNIAC : Melkitsedek ou la Tradition primordiale , Albin Michel, P., 1983. « Texte

[77] J.-C. LOZACHMEUR, art. cit., p. 61-62. « Texte

[78] DANTE : Paradis , chant XXXI, 59. « Texte

[79] La venue de la demoiselle au blanc palefroi, réplique lumineuse de la Demoiselle Hideuse du Conte du Graal de Chrétien de Troyes (vv. 4611-4717), et qui vient destituer Lancelot de son titre de "meilleur chevalier du monde", suit immédiatement la réussite par Galaad de l'épreuve de l'épée dans le perron (Queste , p. 12, l. 23). « Texte

[80] E. BAUMGARTNER, op. cit., p. 106. « Texte

[81] R. GUENON : Etudes sur la Franc-Maçonnerie et le Compagnonnage , P., Ed. Traditionnelles, 1971, t. II, p. 33-34. « Texte

[82] Sur les modalités de la corporéité, cf. R. GUENON : L'homme et son devenir selon le Vêdânta , P., Ed. Traditionnelles, 1972, chap. VI, "Les degrés de la manifestation individuelle", p. 63-69. « Texte

[83] "... il lor ert avis que toutes les soatumes (suavités) que len porroit penser de cuer fussent dedenz lor cors..." (Queste , p. 270, l. 23). « Texte

[84] "Et si tost come il a regardé, si comence a trembler molt durement, si tost come la mortal char comença a regarder les esperitex choses" (Queste , p. 277, l. 33). « Texte

[85] Sur le réalisé ou le "jivan-mukta", cf. R. GUENON : L'homme et son devenir selon le Vêdänta , op. cit., chap. XXIV. « Texte

[86] E. BAUMGARTNER : op. cit., p. 141. « Texte

[87] Le Livre d'Hénoch , traduit sur le texte éthiopien, Ed. Arché, 1975. « Texte

[88] R. GUENON : Le Roi du Monde , P., Gallimard, 1958, ch. VII, "Luz" ou le séjour d'immortalité", p. 59-66. « Texte

[89] EVOLA (Julius) : Le Mystère du Graal et l'idée impériale gibeline , Ed. Traditionnelles, P., 1985, p. 23. « Texte

[90] CHRETIEN DE TROYES : LE CONTE DU GRAAL , éD. W. Roach, Droz, Genève, 1959, vv. 844-846 : Le roi Artu, biax dols amis, Lié et dolant i troveras A che chastel se tu i vas. « Texte

[91] Queste , p. 7, l. 33; p. 16, l. 1-3. « Texte

[92] Queste , p. 21, l. 25; p. 24, l. 12. « Texte

[93] Queste , p. 13, l. 11-12. « Texte

[94] Queste , p. 13, l. 9; p. 19, l. 14. « Texte

[95] GUYONVARC'H (Christian) ET LE ROUX (Françoise) : Les Druides , Ogam-Celticum, Rennes, 1982, p. 389-390. « Texte

[96] Ap. 20 : 8; Ez. 38 : 2, 9, 15. « Texte

[97] LE COUR (Paul) : L'Ere du Verseau , op. cit., p. 115-118. « Texte

[98] Lancelot , éd. A/ Micha, Droz, 1983, t.II, p. 188-208. « Texte

[99] E. BAUMGARTNER, op. cit., p. 17, n. 20. « Texte

[100] GUENON (René) : Saint Bernard , Ed. Traditionnelles, P., 1981, p. 20. « Texte

[101] Queste , p. 277, l. 28; p. 53, l. 21 ("vespres de Nostre Dame"); p. 133, l. 17 ("vespres dou jor et puis de la Mere Dieu"). « Texte

[102] ELIADE (Mircea) : Le Yoga , Payot, 1983. « Texte

[103] Id., p. 245. « Texte

[104] Dans le sens où R. GUENON entend ces termes. Cf. L'homme et son devenir selon le Vêdânta, , ch. II, "Distinction fondamentale du "Soi" et du "Moi", p. 29-39. « Texte

[105] EVOLA (Julius) : La Tradition hermétique , Ed. Traditionnelles, 1985, p. 213 et ss. « Texte

[106] Par exemple, les deux envois auprès du Roi Mehaignié à Corbenic, par le roi Mordrain et par la soeur de Perceval au moment de mourir (Queste , p. 233, l. 32 et p. 241, l. 23). « Texte

[107] Queste , p.61, l. 16. « Texte

[108] DUFOURNET (Jean) : "Lancelot à l'Eau Marcoise", L'Information Littéraire , t. 33 (1981), p. 86-90. « Texte

[109] PASTOUREAU (Michel) : Traité d'héraldique , Picard, P., 1979, p. 261. « Texte

[110] Rappelons que, pour R. Guénon, le symbolisme ne relève pas d'une subjectivité plus ou moins poétique ou émotive, mais des lois de l'univers qui ne sont pas d'origine humaine. Cf. Symboles fondamentaux de la Science sacrée , op. cit., ch. II, "Le Verbe et le Symbole", p. 33-38. « Texte

[111] PAUPHILET (Albert) : Etude sur la Queste del Saint Graal , Champion, P., 1921; GILSON (Etienne) : "La mystique de la grâce dans la Queste del Saint Graal ", Romania , t. LI (1925, p. 321-347. « Texte


Référence de la page :
Charles Ridoux : La Queste et le Zodiaque:
La mission de Galaad et la symbolique astrologique
http://cura.free.fr/xv/13ridou1.html
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